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La taxe Tobin, une erreur idéologique qui occulte de meilleures réponses

La taxe envisagée sous le nom de Tobin pèserait sur les transactions financières. En vérité, elle est une taxe idéologique pour les économistes qui la défendent – essentiellement les altermondialistes – et politique pour les gouvernements qui en soutiennent l’adoption – celui de M. Sarkozy, par exemple.

Elle a été imaginée en 1972 par un économiste nobélisé qui, un an avant sa mort (en 2002), a cependant récusé l’usage qui était fait de son nom et de son idée par les altermondialistes. C’est faire parler un mort que de prétendre que Tobin serait favorable aux projets qui circulent en ce moment.

On y verrait plus clair si les promoteurs de cette taxe expliquaient ce qu’ils visent. A ce stade, on affiche deux objectifs : stopper la spéculation à court terme et lever des ressources qui régleraient le problème d’endettement des Etats ruinés ou des pays en développement, au choix. Les deux objectifs sont défendables mais il faut choisir : si la spéculation est stoppée, point de recettes ; et si le taux est si bas que les transactions restent au volume actuel, alors rien n’est fait contre la spéculation.

Casser la spéculation à court terme ? Pourquoi pas ? Ceci dit, la taxe serait efficace seulement si son taux était élevé – le professeur Spahn estime le bon taux à… 80% du montant des transactions en cas de spéculation. 80%, ça impressionne ! Avec ça, au moins, on est sûr que tout s’arrêtera : la spéculation et les transactions ordinaires, qu’on aura jeté le bébé et l’eau du bain et que le malade mourra guéri. Dans les années 90, les Suédois avaient essayé avec un taux bien moindre et les échanges s’étaient effondrés de sorte qu’ils sont revenus sur leur décision ; pas la peine de faire tourner des modèles sophistiqués, l’expérience suffit contre l’idéologie.

L’autre objectif, également défendable, c’est de lever un impôt nouveau qui rapporte beaucoup d’argent. Lever un impôt nouveau sur les banques européennes qui sont à peu près ruinées du fait de la faillite virtuelle de nombre d’Etats de la zone euro, quelle bonne idée ! Une taxe de plus ne leur fera pas de mal ! Au point où elles en sont… Et puis, bien fait pour elles ! Elles feront faillite plus vite…

Dommage que l’idéologie s’en mêle car on pourrait trouver des solutions appropriées aux problèmes soulevés.

Si l’on veut augmenter les ressources des Etats en taxant les banques, il serait plus efficace de surtaxer la richesse après qu’elle a été créée, plutôt qu’avant – surtaxer les résultats nets plutôt que les transactions en amont. Je ne sais pas s’il est économiquement opportun de surtaxer les banques dans un contexte de raréfaction du crédit, mais si c’est politiquement nécessaire et économiquement sain, c’est simple à concevoir et facile à mettre en œuvre.

Si l’on veut casser la spéculation à court terme, il y a une autre option que taxer des transactions financières : « coincer » sur le long terme les spéculateurs qui, année après année, s’approprient les profits puis socialisent les pertes – décider par exemple que les bonus et autres stock-options des traders et des dirigeants seront payables au moment de leur départ en retraite sur les résultats cumulés de leur gestion ; les gains des années fastes seraient compensés par les pertes des années de crise, on pourrait même demander des remboursements en cas de résultat net négatif. Voilà qui refroidirait le zèle de plus d’un  spéculateur !

Reste une question : peut-on prendre ces mesures en France seulement ou faut-il attendre que le monde entier – essentiellement les Anglo-Saxons – soit d’accord ?  Bonne question, mais qui se pose aussi pour la taxe Tobin que défend M. Sarkozy.

 

Retrouvez l’article de Solon directement sur son blog en cliquant ici.

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Solon
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Posté par Anonyme, le 17 octobre, 2011 à 18:10

Bien vu. En fait cette taxe sur les transactions financières à faible taux a un effet « grain de sable » qui peut être efficace contre le trading automatique (fait par des automates informatiques qui traquent les petits différentiels de prix et gagnent en brassant de gros volumes, ayant l’inconvénient d’accentuer les hausses et les baisses et même de provoquer des bugs boursiers).
En revanche, il est possible de taxer différemment les profit bancaires de spéculation en distinguant les activités de trading pour compte propre et de taxer les bonus des traders et des dirigeants ou, encore mieux, d’interdire ou de limiter la spéculation comme l’ont décidé les américains. Ainsi, le problème des bonus est réglé puisqu’il n’y a plus de trader … et le bonus des dirigeants doit être calculé sur une base après provisionnement statistique d’un risque et imposé sur revenus (pas payé dans les paradis fiscaux …).
Attention à la tentation d’augmentation de taux IS sur les banques, qui se répercuterait sur le taux des crédits faits au client.