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Livre électronique : les retards français persistent

Voici déjà plus de quatre ans, je m’étonnais, au Salon du Livre de Paris et sur mon blog, de l’absence de regard porté sur l’évolution du support littéraire

Le papier devait être relayé par l’électronique et il me semblait que des marges de croissance énormes existaient dans ce domaine du livre électronique, alors même que l’édition française (hors BD) traversait une crise profonde.

Cette crise n’a jamais fini, elle connaît parfois des rémissions, mais elle est permanente. Pourtant, les efforts des éditeurs pour explorer la piste électronique demeurent faibles. Au contraire, le vote de la loi sur le prix unique du livre électronique, en mai dernier, semble avoir été fait pour protéger les acteurs actuels du marché littéraire, au détriment à la fois de l’innovation et surtout de l’émergence de nouvelles pratiques de diffusion, plus favorables aux auteurs comme aux lecteurs. Avec cela sans doute, on craint moins le développement d’une jungle « amazonienne » dans les lettres françaises. Protection sans doute illusoire, ligne Maginot, disent les mauvaises langues qui ont parfois raison.

L’édition française constate, satisfaite; « le livre papier résiste », et elle fait tout pour encourager cette résistance qui conforte les vieilles positions acquises. Dans le même temps, les nouveaux acteurs expliquent qu’ils rémunèrent mieux leurs auteurs que les anciens, et ils sont capables de proposer des textes à 3 ou 6 Euros, ce que le livre papier ne peut faire. De fait, le convoyage des livres vers les livraires coûte environ 20% du prix de vente, et l’impression, peut-être 5% en moyenne (souvent plus, notamment pour les petits tirages). Bien entendu, le tiers du prix de vente, réservé aux libraires, est la question la plus épineuse, puisque la suppression du prix unique signifie l’accélération de la disparition des librairies. En tout, la diffusion absorbe entre 55 et 58 % du prix de vente du livre papier.

Si je prends un livre à 20 Euros, enlevons donc 11 Euros ou 11,60 Euros de diffusion. Restent 8,40 ou 9 Euros à se partager entre auteurs, maquettistes, éditeurs et imprimeurs. Les auteurs ont entre 5 et 15 %, entre 0,40 et 1,30 Euro.

En revanche, sur un livre numérique, une plateforme comme publie.net annonce rémunérer ses auteurs à hauteur de 50 %, soit au moins 1,50 Euro par exemplaire vendu, 3 Euros étant une part plausible. Et le livre, resserré sur son contenu, coûte beaucoup moins cher au lecteur, ce qui est indéniable et qoit être mis en valeur, car notre but, en tant qu’auteurs et en tant que promoteurs de la pensée, est que celle-ci puisse toucher le public le plus large, donc au moindre coût pour lui. Il est vrai que le prix d’achat des « liseuses » reste élevé et qu’il faut un grand nombre de livres numériques pour l’amortir : si la différence de prix entre un livre papier et un ebook est de 10 Euros, il faut lire plus d’une quinzaine de livres par an pour que le coût global soit le même, sans parler d’éventuelles économies pour le lecteur. Il est vrai que la liseuse permet de lire aussi des livres gratuits, ce qui redresse le différentiel à l’avantage du numérique.

De toutes façons, les études pratiquées sur les plus jeunes générations démontrent que le développement du livre numérique est inéluctable, ce n’est pas une spéculation, c’est un fait futur. Nous sommes donc devant le choix suivant : protéger le monde actuel coûte que coûte, quitte à en faire une ville d’Ys vouée à une inexorable submersion par des acteurs de même nature, mais plus puissants, et étrangers, américains ou allemands (donc autres que ceux que le dispositif est supposé protéger), ou au contraire favoriser le développement d’une pépinière d’acteurs indépendants capables de faire vivre la langue et la pensée.

Personnellement, j’ai choisi, tant pis pour Gallimard (que la Ville de Paris vient de décorer d’un mausolée significatif), Hachette et les autres, vive les nouveaux, vive les expérimentateurs.

 

Retrouvez cet article directement sur le blog d’Hervé Torchet en cliquant ici

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Posté par Laurent d'iGoMatiK, le 6 juillet, 2011 à 16:33

Dans le Nord de la France, plus exactement en Picardie, un grand village tente toujours de résister à l’envahisseur ! Pour laisser sur le coté la loi sur le prix unique du livre, nous préfèrerons persister à dire que nous ne faisons pas des livres mais des applications pour lire ! Et parmi les livres numériques, les plus beaux seront les BD, c’est notre pari, il suffit d’en essayer une un jour sur un iPad, on les voudrait toutes !
Nous avons également choisi le parti de l’Auteur, et nous aussi nous lui reversons la moitié des bénéfices sur l’œuvre, ce qui n’est pas courant à priori dans le monde de l’édition. Certes les ouvrages sont vendus nettement moins chers, jusqu’à 4 fois moins qu’en version papier, mais nous n’avons pas encore trouvé l’auteur qui, gagnant 1€ sur une BD vendue 3€, s’en plaint. Aidez nous à résister, lisez nos BD numériques ! iGoMatiK, sur l’appstore.