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Le Bac en contrôle continu, est-ce vraiment sérieux?

Après les fuites au Bac, en particulier au Bac S, on voit ressortir des vieux poncifs tels que cette obsession du contrôle continu.

Cette idée n’est pas récente, et ceux qui la défendent feraient bien de se poser la question: « mais pourquoi n’a t-elle jamais été adoptée? » Peut-être simplement parce qu’il y a des raisons objectives à cela…Essayons de faire rapidement le tour de la question.

Pour le contrôle continu:

Dans un monde idéal, l’idée du contrôle continu s’impose naturellement: un jour sans peut être rattrapé par un autre, et puis qui mieux que les enseignants de Terminale sont capables de juger objectivement du niveau réel de leurs élèves? Ca, c’est pour la théorie.

Contre le contrôle continu:

Là, j’ai plein d’arguments, alors autant les numéroter…

1) Qui pourra s’assurer que du Nord aux Pyrénées, ou pour ceux qui prèfèrent de la Bretagne à l’Alsace, tous les enseignants noteront de la même façon? Des consignes de notation très strictes sont données lors de la correction des épreuves de baccalauréat, basées sur un échantillon-test sur lequel 80% des copies (c’est le quota) doivent avoir la moyenne. Va t-on faire pareil pour chaque Devoir Surveillé? Les Devoirs Surveillés deviendront-ils nationaux? C’est juste ridicule de penser à cela.

2) Quid de la notation à la tête du client? C’est un fait, beaucoup (trop) d’élèves pensent être notés « à la tête du client ». Et en général, les parents d’élèves emboitent le pas presqu’aussitôt. C’est normal, car leur progéniture, normalement destinée à décrocher Bac+9 sans en foutre une pelle, est « saccée » par un prof… Je ne dis pas que d’authentiques cas peuvent exister, je dis juste que du fait de la subjectivité de certains parents d’élèves, cet épiphénomène est tordu, distordu dans tous les sens.

3) Quid de la différence de niveau entre certains établissements? Depuis l’instauration de ce quota (80% de reçus au Bac), depuis la baisse de niveau continuellement observée dans l’enseignement secondaire, de nombreux parents se tournent vers des établissements privés élitistes. Et on ne peut pas le leur reprocher car l’acquisition de connaissances et de savoir-faire ne pourra jamais être nivelé de façon autoritaire par le bas… Alors comment on fait dans ces lycées d’élites, on donne 20/20 systématiquement à tout le monde? Je connais de réputation un de ces lycées dans le Nord-Pas-de-Calais, il s’agit de la Malassise à St-Omer. Là-bas, un bon élève de Terminale S se prend 8/20 de moyenne. Ben oui, les élèves sont préparés à « plus » que le Bac. Et en général, malgré leurs 8 ou 9 de moyenne, ces élèves décrochent mention Bien ou Très Bien au Bac. Alors on fait quoi de ces établissements, on les supprime purement et simplement? Au nom du nivellement par le bas?

4) C’est une tentation trop facile que celle de vouloir « acheter » certains élèves. Vous savez les 2 ou 3 branleurs qui n’ont rien à faire dans une classe, mais qui sont passés quand même, et qui menacent de foutre le bordel dans toute une classe. Il ne s’agit pas de les acheter avec de l’argent bien sûr, il s’agit de les acheter avec des notes. Acheter la tranquilité d’une classe avec des notes adaptées pour les plus agitateurs. Le raisonnement est simple: « ils se planteront plus tard, mais ce ne sera plus mon problème ». Cette réflexion étant peut-être la plus commune dans l’Education Nationale… On fait avec parce qu’ils nous ont été imposés alors qu’ils n’ont pas le niveau, et on les laisse tranquillement franchir échelon après échelon, … jusqu’à l’examen final qui les détruira. C’est pratique, à défaut d’être pédagogique.

5) Enfin, vu l’importance infiniment trop excessive qu’ont aujourd’hui les parents d’élèves sur la scolarité de leur progéniture, imaginez-vous ne serait-ce que quelques instants prof en Terminale, avec le rôle de « juge », c’est à dire celui de dire si l’élève mérite ou non la validation de son enseignement secondaire. Imaginez les parents d’élèves derrière… Si 90% vous suivront, 10% de pures racailles vous menaceront, voire viendront vous « péter la gueule » si vous n’avez pas donné la note qui va bien au fiston. C’est ça la réalité que certains voudraient oublier.

Il y a une alternative qui plairait sans doute à tout le monde et elle est simple: on laisse passer tous les élèves jusqu’en Terminale et on leur donne tous le Bac. Au moins, le problème serait réglé, il serait juste déporté vers l’enseignement supérieur.

Bref, le contrôle continu pour le Bac, pas la peine de vous faire un dessin, je suis radicalement contre. La place des élèves et surtout la place des parents d’élèves, est beaucoup trop importante aujourd’hui dans l’Education Nationale. Beaucoup beaucoup trop importante. Ce qui est d’ailleurs une aberration puisqu’on confond (à des fins de paix sociale) enseignement et éducation. L’un doit être prodigué par l’Education Nationale, l’autre c’est l’affaire des parents. Même si l’Education Nationale a depuis pas mal d’années pris de facto ce second rôle: celui d’assurer à des gosses une éducation. Une confusion des rôles qui mène au pire… Au-delà, vive l’anonymat quand il s’agit de noter une copie!

 

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Posté par gilco, le 27 juin, 2011 à 17:51

arrêtons de chercher sans cesse des solutions batardes : un examen c’est un examen. Un controle permanent maintient les jeunes au travail, mais le BAC comme tout diplome ne doit pas être accordé sur des controles permanents.
Par contre, en cas particuliers, les notes continues peuvent servir à établir une attestation de niveau en cas d’échec et de besoins.
mais un titre au rabais non !
Quant aux fuites, il y a des solutions pour faire apparaitre dans la salle d’examen les sujets au dernier moment, ainsi que de controler les fraudeurs tout de même ????

Posté par Marie-Line Andres, le 27 juin, 2011 à 23:07

Excellent article.
J’ajoute, ce que beaucoup ne savent pas, que les enseignants qui pratiquent le contôle continu subissent une pression énorme de la hiérarchie pour valider coûte que coûte les compétences des élèves. Tous les arguments sont bons (on est dans le règne des statistiques et des (faux) résultats obtenus à tout prix) : si nous n’avons pas assez de réussite, notre établissement sera mal classé, des parents vont scolariser leurs enfants ailleurs, on perdra des postes. Si on doit fermer un établissement, c’est le nôtre qui sautera parce que nous n’avons pas de bons résultats. On fait comprendre aussi aux enseignants « récalcitrants »qu’ils seront mal notés et auront un mauvais emploi du temps. Je peux vous dire que la plupart des enseignants, écoeurés, finissent par céder. On tire vers le bas, tjrs plus.

Posté par gilco, le 28 juin, 2011 à 11:22

Il existe sans doute des enseignants qui sont de vrais enseignants, conscients, qui éventuellemenbt peuvent se marginaliser au risque d’être visés dans le colimateur de la hiérarchie.
C’est la loi du plus fort, ceux qui parlent les premiers, ceux qui disent des vérités, ceux qui ne suivent pas comme des moutons, sont toujours montrés du doigt.
Cependant :il ne faut pas baisser les bras et le répéter le mal est au sommet, tant que nous n’aurons pas réformer notre gouvernance, il en sera ainsi. La concertation, le dialogue n’existe pas pour 2 raisons, certains se taisent pour conserver les privilèges et, d’autres se taisent parce qu’ils n’ont pas la possibilité de s’exprimer
Manque de démocratie dont tous se glaussent….et, tous pratiquent une démocratie dirigée dont le peuple est totalement exclu.
VOILA la simple raison, c’est pourquoi il faut lutter contre le mensonge et l’égoisme qui conduit à l’injustice !

Posté par FrédéricLN, le 1 juillet, 2011 à 08:24

Tout à fait d’accord avec les objections 1, 2, 3, 4, et 5 😉

Posté par JF le démocrate, le 3 juillet, 2011 à 01:27

Personnellement, je n’ai pas pensé (ou alors j’ai omis consciemment ou inconsciemment) les arguments fournis par Marie-line Andres dans son commentaire.

Il est clair que ces arguments méritent une attention particulière, du fait que les statistiques sont devenues non seulement trop importantes dans les programmes de mathématiques du secondaire, mais aussi et surtout beaucoup trop importantes dans la gestion des établissements scolaires!