Les Démocrates

Démocrates de tout le pays, unissez-vous sur ce média social !

Participez !
Rejoignez la campagne
 
 

Chatel, Guéant et les manipulations statistiques

Tout le monde a encore en tête la sortie de Claude Guéant, ministre de l’intérieur, affirmant sur Europe 1 que « deux tiers des enfants qui sortent du système scolaire sans qualification sont des enfants d’immigrés ». Consternation générale devant de telles inepties, particulièrement chez les enseignants se demandant d’où tombent ces statistiques.

Le plus accablant a été d’entendre le ministre enfoncer le clou dans les jours suivants et tenter de crédibiliser ses propos saugrenus en faisant appel à la respectable institution qu’est aux yeux du public l’INSEE : Guéant ne ferait que répéter ce qu’une étude de 2005 aurait démontré. Ce faisant, le ministre de l’intérieur tente un coup assez fréquent ces derniers temps : le renvoi au rapport que personne n’ira lire. Sauf que les temps changent et que de plus en plus de personnes et de journalistes vont lire les rapports cités par les hommes politiques disponibles sur Internet.

L’indispensable rubrique « Désintox » de Libération s’est occupée du cas Guéant à trois reprises (25, 27 mai, 2 juin) afin de démontrer que les propos du ministre n’ont aucun fondement. Le 3 juin notamment, Libé démontre définitivement la manipulation en rapportant la fameuse étude citée par le ministre : « On y lit que « les enfants d’immigrés sortent presque deux fois plus souvent du système éducatif sans qualification ». Cette phrase se rapporte à deux chiffres, exposés dans un tableau : 10,7 % des enfants d’immigrés sortent des enfants d’immigrés sortent du système scolaire sans qualification. Contre 6,1% pour les autres. Presque deux fois plus, donc. Mais, évidemment, cela ne signifie en aucun cas que deux tiers des enfants qui sortent sans qualification du système scolaire sont des fils d’immigrés, pour la raison évidente que les enfants d’immigrés ne représentent que 10% du panel étudié ».
La réponse de Guéant, envoyée par courrier, ne manque pas de sel : « Cette conclusion vient forcément soit de chiffres exhaustifs, soit d’un échantillon qui se divise en trois tiers. Par conséquent, j’ai correctement cité l’étude en déclarant que les 2/3 des enfants qui sortent de l’école sans qualification sont des enfants de familles immigrées ». Waou. Je me souviens d’un prof d’éco au lycée qui m’aurait lynché pour une telle phrase.

Mais Cédric Mathiot, le journaliste de Libé, va plus loin en mettant le doigt sur le fond du problème : « Cet entêtement à faire dire aux données de l’Insee ce qu’elles ne disent pas n’est pas seulement risible. Il pose une autre question. Celle de l’instrumentalisation et du détournement de la statistique publique ». Il y a quelques temps déjà, Véronique Soulé dans le même quotidien se fendait d’un article très intéressant concernant l’identique propension du ministre de l’Education Nationale, Luc Chatel, à manipuler les chiffres. La journaliste notait que « Luc Chatel aime brandir les statistiques pour justifier ses mesures. Il semble en réalité faire diversion, afin que personne ne s’attarde trop sur ses échecs ». Elle démontait ensuite point par point les diverses manipulations concernant le budget de l’Education Nationale, les dépenses, les effectifs…

Pour ce qui nous concerne, voici quelques mois que les propos de Luc Chatel et son rapport aux chiffres nous titillent le cortex : quand le ministre communique sur les fermetures de classes, les suppressions de poste, la (non-)formation des enseignants, qu’il affirme à longueur d’interview que tout va bien madame la marquise ou que la situation chiffrée est semblable à celle des années 90, on a essayé de montrer que les chiffres cités étaient soit tronqués, soit habilement choisis, et tenté de mettre en exergue ceux passés sous silence (voir de précédents posts : « Luc Chatel sur tous les fronts », « J’ai bien relu l’interview de Chatel au Figaro »)…. Une autre manière de procéder consiste à faire une synthèse des mesures politiques successives : d’une part les faits sont bien plus têtus que les chiffres, d’autre part la communication est un art du direct et la mise en perspective ne lui laisse que peu de place. La chronologie des suppressions de postes est ainsi édifiante et en dit plus que les longs discours de communiquant des ministres successifs Darcos et Chatel.

Plus que jamais la politique et la communication se confondent, et la seconde a tendance à mettre au service de la première l’univers statistique, ses chiffres et ses études, quitte à forcer le sens pour leur faire dire ce que l’on souhaite. Il est du devoir des observateurs, journalistes, blogueurs, associatifs de dénoncer ces impostures.

Est-ce une illusion ou on sent comme un frémissement dans ce domaine ? La semaine dernière, quand Luc Chatel a lancé sa grande opération de communication sur la campagne de recrutement de l’Education Nationale, qui veut « recruter 17 000 personnes » l’année prochaine, la quasi-totalité de la presse a appuyé sur le chiffre qu’était censé masquer cette annonce : il y aura en 2012 pas moins de 16 000 suppressions de postes.

Cerise sur le gâteau, tout le monde a pointé l’opération de com’ et publié son prix : 1,3 millions d’euros sur le budget du ministère, du jamais vu depuis 10 ans.
Rageant, non, M. Chatel ?

Retrouvez cet article directement sur le blog de l’Express en cliquant ici

Partager sur
  • Partager via Facebook
  • Partager via Google
  • Partager via Twitter
  • Partager via Email
 
Modérateur du réseau
Facebook Twitter
 
Posté par gilco, le 8 juin, 2011 à 09:00

Quelle vérité ! on ne vit qu’avec des sondages et statistiques mises en forme par les uns et les autres pour tromper l’électorat !!!
et les programmes demain ? que de promesses irréalisables ?????