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La discrimination : nouveau marqueur de droite ?

L’affaire révélée par Mediapart ou la proposition de Villepin concernant les revenus versés aux citoyens sont l’occasion de revenir sur certaines notions que l’on croirait acquises, mais qui ne le sont peut-être pas autant qu’on ne le pensait.

Après avoit écrit un article de blog sur sur Villepin, j’ai eu des débats très vifs dans les commentaires et sur Twitter, à propos de la citoyenneté, la nationalité, la préférence nationale. Je rappelle que, dans son projet, Villepin, propose de créer un revenu réservé aux citoyens français, forfaitaire à 850 Euros par mois. Ce revenu est le complément d’obligations « citoyennes » ou civiques, notamment celle de voter, mais aussi une année de service de l’intérêt général (service civique), etc., une vision au fond spartiate.

Avant d’évoquer dans un autre article la question du revenu, des retards de revenus qu’ont nos concitoyens, je vais revenir sur cette question de la citoyenneté, car l’affaire Mediapart de ce week-end a révélé ou souligné très crument la terrible maladie de la discrimination qui, peu à peu, se répand dans les milieux de la droite en France.

Commençons par la citoyenneté.

Citoyennetés, notions variables selon les branches du droit

Dominique de Villepin est un diplomate, du moins c’est sa profession. De ce fait, il porte sur certaines notions le regard diplomatique, celui du droit international. En droit international, la citoyenneté est un lien juridique qui unit une personne à un État. Ce lien est matérialisé par un passeport délivré par les autorités de cet État, dont les autorités consulaires pour les passeports délivrés hors de l’État en question.

Quand Villepin rencontre donc le mot « citoyen », issu du vocable révolutionnaire français dans notre langage politique courant, il le passe à la moulinette diplomatique, et voilà que notre citoyen devient notre ressortissant français, défini par son passeport. Il se trouve que le droit constitutionnel, le droit administratif, la science politique, et le langage courant donnent un tout autre contour au citoyen, en y attachant le paiement des impôts, la participation à la vie de la cité, des aspects plus à hauteur d’homme, le citoyen, en France, n’est pas seulement le Français, la citoyenneté est devenue en droit interne une notion complexe et ramifiée, à géométrie variable, détachée de la nationalité, d’autant plus que « citoyen » désigne avant tout l’habitant de la cité, donc de la ville, localement, et non pas de l’État comme le croit le droit international.

Assez curieusement, on m’a toujours expliqué que le passeport, outil marqueur en droit international, ne prouve pas la nationalité. Il prouve un lien de protection entre l’État et le détenteur du passeport, mais, en droit français, ce qui prouve la nationalité, c’est la carte d’identité. Donc le détenteur d’un passeport, s’il est en droit international un indiscutable citoyen français, n’est en rien un indiscutable citoyen français au regard du droit français.

Cette précision un peu sémantique m’amène tout droit à poser une question qui m’est venue à l’esprit en réfléchissant sur ce sujet : à qui le revenu « citoyen » s’applique-t-il ? Bonne question, beaucoup moins simple qu’il n’y paraît.

La preuve de la discrimination

Selon le libellé du projet Villepin, le revenu s’applique à tous les « citoyens », ce qui revient en pratique à dire à tous ceux auxquels la loi appliquera aussi un ensemble de sujétions déjà mentionnées, en particulier le service civique et le vote obligatoire.

Je n’entre pas dans le détail qui fait le premier hic, qui est que donner 850 Euros à chaque adulte revient à faire transiter 400 milliards d’Euros par an par les caisses de l’État, avec ce que cela suppose de coûts, de déperditions, malgré les éliminations d’autres allocations ou mesures sociales. J’ai déjà eu l’occasion d’en parler, et il faudra certainement le refaire, car la gauche veut s’emparer de ce sujet pour 2012 et en faire un cheval de bataille, un cheval fou, soit dit en passant.

Je n’entre pas non plus dans le détail de ce en quoi ce projet rejoint celui des décroissants qui voudraient permettre aux gens de ne plus travailler s’ils en font le choix en leur garantissant ce minimum de vie. J’aurai l’occasion une prochaine fois de dire pourquoi cette intention, dont je comprends la bonne volonté, me paraît conduire à une ignominie.

Non, ce qui m’occupe, c’est pour le moment que ce revenu ne sera versé qu’aux « citoyens ». À tous ? Cela voudra-t-il dire que les détenteurs d’un passeport français qui résident à l’étranger devront faire un service civique (en France ?) mais qu’en contrepartie, ils pourront percevoir les 850 euros aussi ? Et s’ils ne remplissent pas leurs obligations « citoyennes », conserveront-ils leur passeport ? Quelle sera la conséquence ? Cet enjeu n’est pas anodin, maintenant que les « Français de l’étranger » vont être représentés à l’Assemblée Nationale.

Revenons sur le territoire national. Nous avons maintenant deux voisins de palier. Aujourd’hui, ils sont tous deux au RSA socle, ils touchent environ 500 Euros par mois, ils bénéficient en outre de la même allocation logement et de la même CMU. Ils votent aux élections locales, aux municipales, aux cantonales, aux régionales, et aux européennes. Il y a deux élections où un seul des deux vote : la législative et la présidentielle. L’un est français, l’autre espagnol (par hypothèse, ou portugais, ou allemand, peu importe).

Maintenant, reprenons les mêmes voisins, après le dispositif Villepin. L’un touche 850 Euros, mais n’a plus d’allocation logement, puisque ses aides sociales ont été « écrêtées ». Il consacre ou consacrera une année de sa vie au service de la collectivité (sauf s’il entre dans l’une des exceptions qui ne tarderont pas à fleurir). Il a l’obligation d’aller voter (sinon on lui retire sa pension) et comme ça l’agace, il vote systématiquement pour le FN, « pour les faire chier », et en se disant qu’en râlant beaucoup, on finira bien par attacher d’autres avantages à son privilège de national. L’autre touche toujours ses 500 Euros et son allocation logement. Il a peut-être fait une année de service militaire ou civique dans son pays, il continue à voter quand il veut.

On voit qu’avant le dispositif, la réalité tendait vers l’égalité, et qu’après, elle tend vers l’inégalité, vers la différence. Et quel est le moteur de cette différenciation croissante ? La nationalité. La nationalité est le moteur de la discrimination, le projet Villepin est donc lepéniste, CQFD. Je ne dis plus villepinistes, je dis vils lepénistes et je le regrette, car il en est de bien qui devraient s’en démarquer.

La discrimination, ralliez-vous à mon panache « blanc »

Il ne faut pas prendre l’ancien premier ministre pour plus imbécile qu’il n’est. Il est évident qu’il a choisi d’introduire cette discrimination dans son discours. Pourquoi ? Parce qu’il voulait tendre la main à Sarkozy. Il n’est pas le premier, rappelons-nous l’époque où feu Pascal Sevran trouvait que les Africains creusaient leur tombe avec leur bite, et celle où Chirac, se promenant benoîtement avec Juppé sur un chemin des environs de Bordeaux, tint des propos sur un « Bordelais de vieille souche » qui auraient envoyé n’importe qui d’autre que lui en correctionnelle. Juppé est désormais ministre.

C’est donc ainsi, quand on veut se faire bien voir en haut lieu, on dérape sur quelque chose d’ethnique ou de racial. C’est le signe de ralliement. « Ralliez-vous à mon panache blanc », où le mot « blanc » prend soudain un tour sinistre.

Sans doute faut-il évaluer à cette aune la crise ouverte par le site Médiapart dans les instances fédérales du football français. Depuis que Le Pen, en 1996, avait fusillé l’équipe de France dans le dos sur le thème du « ramassis de nègres », et que feu Frêche avait claironné qu’il y avait « trop de noirs dans l’équipe de France », il était devenu évident pour les racialistes qui sont depuis venus au gouvernement que le taux de sang noir devait baisser dans les vestiaires des équipes de France, en particulier celle de football. On suppose qu’ils l’ont fait savoir à qui de droit, qui a donc cherché le moyen de réduire cette coloration et d' »enfariner » le bec de nos joueurs.

Le recours à la question de la double nationalité pourrait entrer dans ce cadre. Selon un mécanisme très sarkozyste, on prend un biais assez vicieux pour faire passer une petite dose de « blanchissage ». Chirac n’avait d’ailleurs pas fait autre chose lorsque, dans les années 1980, il avait « blanchi » les rangs des balayeurs et éboueurs de la Ville de Paris par une astuce juridique alors imparable : il avait exigé qu’ils aient le bac.

L’intervention de Lilian Thuram (dont les ambitions sur la fédération sont connues depuis déjà plusieurs mois) en contrepoint de l’affaire révélée par Médiapart souligne en fait la politisation de cette affaire, Thuram étant notoirement engagé à gauche. De ce fait, elle confirme que le recours aux propos racistes n’a été, pour l’équipe dirigeante actuelle du football français, qu’un signal politique d’obédience gouvernementale.

Il faudra donc s’y faire, et voir se multiplier ces mots d’ordre discriminatoires et racistes, et nous n’aurons jamais assez de forces pour nous y opposer, d’autant moins qu’il faudra s’opposer aussi à d’autres dérives, moins fondamentales certes mais non moins dramatiques, de la gauche.

De partout, nous entendrons hurler les loups de la race. Mais enfin, se rendent-ils compte de ce qu’ils font ? Et avec quel feu ils jouent ?

 

Retrouvez l’article de Hervé Torchet directement sur son blog en cliquant ici.

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Posté par blok75, le 3 mai, 2011 à 15:52

Rapide et les raccourcis ne amnque pas. Citoyenneté et nationnalité ont un rapport que vous omettez le vote pour le choix du reprsentant suprême. ensuite le concept du revenus citoyen ce qui le distingue idéologiquement par rapport à un revenus universel etc… le rapport de la richesse nationale crée, le PIB cristallisé et le bénéfice direct et ou indirect qu’en tire ses concitoyens. Vous citez Victor Hugo sachez qu’il a défendus dans cette configuration le revunus aux citoyens. Ne faates donc pas un faux procès à Dominqiue de Villepin, il en a déjà un actuellement en court.