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Dans une chronique sur Europe 1 intitulée « les femmes passent à la caisse« , Alex de Tarlé nous explique que c’est de la faute de l’Europe si les femmes vont payer plus chères leur assurance auto. En ces temps de crise, l’information passe mal. Mais quand on y regarde de plus prêt, on s’aperçoit que « l’Europe » porte le chapeau pour d’autres…
En effet, Alex de Tarlé précise bien qu’il s’agit d’une décision de la Cour de Justice de l’Union européenne fondée sur le principe d’égalité entre hommes et femmes (décision dont on peut trouver trace sur le site… d’Europe1.fr). Le chroniqueur oublie bien opportunément de rappeler que ce sont des associations féministes qui sont à l’origine de l’affaire et que les juges ne font qu’appliquer la règle européenne car ils sont saisis par un justiciable. S’ils ne le faisaient pas, cela ouvrirait la boîte de Pandore jurisprudentielle. Mais c’est tellement plus simple d’expliquer que « les assureurs font bien leur métier »… tandis que « l’Europe ne fait pas grand chose pour être aimée ». Alex de Tarlé va plus loin: « l’Europe réussit l’exploit de rendre impopulaire le combat pour l’égalité des sexes », même si on ne voit pas bien en quoi des juges de la CJUE représentent « l’Europe ».
Histoire d’aller jusqu’au bout de la mauvaise grille de lecture, il ajoute « pourquoi à ce moment-là tolérer les écarts de salaires ? ». Mais bien sûr, « l’Europe » n’a absolument pas pris de directives sur le sujet…
Et pour conclure: « puisqu’on en est à vouloir changer les règles de fonctionnement de l’Europe en ce moment, on pourrait souhaiter l’avènement d’une nouvelle Europe moins tatillonne sur les règlements intérieurs et davantage préoccupés par la défense de ses citoyens dans le monde, pour nos emplois, nos entreprises vis-à-vis des Chinois, des Indiens, des Brésiliens qui pratiquent ouvertement le dumping social ou environnemental ». Faudra qu’Axel de Tarlé nous explique en quoi les juges en Europe sont responsables du dumping chinois ?
La chronique est donc extrêmement mauvaise sur plusieurs points :
– l’information est partielle et fausse sur ceux qui sont à l’origine de l’affaire
– le mélange des acteurs du dossier entre « juges européens », « Europe » et ceux qui veulent changer les traités ne permet pas de savoir qui est responsable de quoi
– la conclusion est grossière tant on met au même niveau la question des assurances auto et celle des entreprises européennes en concurrence avec celles des pays émergents
Le pire, c’est qu’Alex de Tarlé est un récidiviste, sur la même affaire en plus : Europe 1 réussit à faire de l’Europe un bouc-émissaire idéal
Y a-t-il quelqu’un à Europe 1 pour le lui dire ? Parce que l’Europe va mal, elle n’a vraiment pas besoin d’être le bouc-émissaire de tout. Surtout qu’il n’y aura pas de rectificatif à l’antenne, ni aujourd’hui ni demain. La plupart des citoyens ne vont retenir que le message clair: « l’Europe augmente notre assurance auto, elle pourrait s’occuper d’autre chose ». C’est grave pour une matinale de se planter autant, non ?
Retrouvez l’article de Fabien Cazenave en cliquant ici.