Démocrates de tout le pays, unissez-vous sur ce média social !
Il aura fallu la plus grave crise de l’Europe pour que la Belgique sorte enfin du marasme politique. Après presque 550 jours de crise gouvernementale, un accord a enfin été trouvé pour réunir un gouvernement autour d’une même table. Il aura fallu gérer les susceptibilités de chacun pour que les Belges retrouvent une activité gouvernementale.
Ce nouveau gouvernement, très hétéroclite, aura, comme l’ensemble des autres gouvernements européens, la lourde et difficile charge de remettre leur pays sur les rails. Composé principalement des socialistes wallons et des chrétiens-démocrates flamands, ce gouvernement compte 12 ministres et 6 secrétaires d’Etat issus de 6 partis en tout (PS, CD&V, MR, SP.A, Open-VLD, et CDH). Le premier parti de Flandre, les nationalistes de la N-VA, ne participeront pas à ce gouvernement. Cela laisse craindre une impopularité pour le nouveau gouvernement dirigé par Elio di Rupo.
Soucieux de son image, toujours habillé avec un noeud papillon, son signe distinctif, les cheveux noirs et la chirurgie esthétique aidant, Elio di Rupo est un politicien qui s’entretient. L’an dernier, il avait fait sensation devant la presse en inaugurant la piscine de Mons uniquement vêtu de son maillot de bain, faisant ensuite quelques longueurs, un exercice que peu de ministres de son âge pourraient accomplir sans être ridicules. Mais l’ampleur de la crise va le mettre sur le devant de la scène, non pas en maillot de bain, mais bien en habit de Premier Ministre. La récréation est finie.
Premier chef de gouvernement francophone le gouvernement d’Edmond Leburton il y a 32 ans. Agé de 60 ans, docteur en chimie, Elio di Rupo devient le 40ème Premier Ministre Belge. Issu d’une famille extrèmement pauvre sur laquelle le sort s’est acharné, il aura petit à petit gravi les échelons de la politique jusqu’au plus haut poste. D’abord maire de Mons puis député européen et membre de gouvernements, Elio di Rupo est maintenant au sommet. Inespéré pour le 7ème enfant de cette famille des Abruzzes immigrée en Belgique au début des années 50.
La vie n’a pourtant pas été un long fleuve tranquille pour lui. Accusé de pédophilie par un mythomane pendant la psychose régnant autour de l’affaire Dutroux, di Rupo sera ensuite lavé de tout soupçon. Mais pendant 3 ans, alors qu’il était vice premier ministre, sa vie a été un passée au peigne fin. C’est dans ces conditions difficiles qu’un journaliste lui a demandé en 2001 : « Quand même, on dit que vous êtes homosexuel… » et di Rupo a répliqué bien justement : « Oui, et alors ? ». Il raconte même dans sa biographie la phrase tenue par la magistrate alors en charge de son dossier : « il n’est peut-être pas pédophile, mais il est quand même homosexuel » ! Depuis lors, Elio Di Rupo reste discret. Deuxième chef de gouvernement ouvertement homosexuel de l’histoire (après Jóhanna Sigurðardóttir, Premier Ministre Islandaise), il devra faire face à de nombreux défis : la crise économique, sociale et financière d’une part et la crise d’identité en Belgique d’autre part.
Cela est très bien résumé dans l’introduction du Programme gouvernemental commun :
« Il est en effet à se demander si sans cette crise la Belgique aurait réussie à se doter d’un gouvernement. En effet, une agence de notation vient de dégrader la note Belge. Le gouvernement va donc prendre les problèmes à bras-le-corps. La Belgique s’est engagée, vis-à-vis des institutions européennes, à faire descendre, dès 2012, le déficit de l’ensemble des pouvoirs publics à un niveau de 2,8 % du PIB, en vue d’atteindre l’équilibre budgétaire en 2015. Dans le cadre de son Programme national de réforme, la Belgique s’est également engagée à atteindre un taux d’emploi de 73,2% en 2020. Cet objectif ambitieux nécessite d’augmenter de plus de 5% le taux d’emploi de 2011 (67,8%). [Le] pays devra être modernisé grâce à un projet commun, capable de réconcilier durablement Flamands, Bruxellois, Wallons et Germanophones, tout en respectant les intérêts de chacun.
Le Gouvernement mènera cinq chantiers majeurs :
1. Une réforme de l’Etat avec un transfert de compétences représentant un montant de l’ordre de 16,9 milliards d’euros1 de l’Etat fédéral vers les Régions et les Communautés ;
2. Une autonomie fiscale pour les Régions de 10,7 milliards d’euros2 ;
3. Une réforme de la loi spéciale de financement pour plus d’autonomie, d’efficacité et de responsabilisation des Régions et Communautés ;
4. Un assainissement rigoureux des finances publiques fédérales de l’ordre de 16 milliards d’euros d’ici 2014, pour retrouver des bases financières saines et répondre aux exigences de l’Union Européenne ;
5. Des réformes sociales et économiques pour répondre aux défis majeurs du futur, dont le vieillissement de la population.
La crise économique et financière de 2008 a laissé des traces profondes auprès des citoyens et des entreprises. L’assainissement des finances publiques est une priorité absolue pour assurer le futur de notre modèle social et notre dynamisme économique.
Les réformes structurelles proposées sont conçues pour sortir notre pays de la crise, garantir une qualité de vie à l’ensemble des habitants et assurer le futur des jeunes générations.
Elles amélioreront nos performances économiques, tout en renforçant les mécanismes sociaux stabilisateurs qui ont permis à la Belgique, à la Flandre, à la Wallonie et à Bruxelles de mieux faire face à la crise que de nombreux autres régions et pays européens. » a déclaré Elio Di Rupo
Bon courage Elio di Rupo !
Retrouvez l’article de Benoît Courtin, directement sur son site, en cliquant ici.