La crise de la dette ?

Les crises se succèdent, et devant l’avalanche d’avis, de commentaires et autres déclarations d’experts, nous finissons par subir sans plus chercher à comprendre, et, le plus inquiétant, par croire qu’il n’y a rien à faire, sinon de subir en silence !

Pourtant il me semble que la crise de la dette peut s’expliquer simplement. Elle ne nous est pas tombée du ciel brutalement. En effet, depuis plus de 30 ans, nos gouvernements proposent des budgets avec des dépenses supérieures aux recettes. Depuis plus de 30 ans, le parlement vote ces budgets, donc accepte, que chaque année l’Etat emprunte pour boucler ses fins de mois.

Aujourd’hui notre dette est d’environ 1700 milliards d’euros ! Trente ans de laxisme et d’irresponsabilité ? Comment nos dirigeants pouvaient-ils ignorer qu’un jour il faudrait rembourser cette montagne de dettes ? Comment, maintenant, pourront-ils le faire en réduisant les recettes de l’Etat avec des cadeaux fiscaux consentis à certains privilégiés, avec des exonérations de milliards de recettes, et ce, en augmentant toujours les dépenses publiques ?

Alors, crise de la dette… et crise de confiance de la part de nos « prêteurs » ? on peut comprendre qu’ils soient inquiets sur notre crédibilité, alors que nous empruntons, actuellement, environ 300 millions par jour (1), avec en plus, pour noircir le tableau, une économie en berne, des déficits à la chaîne ( Etat, sécurité sociale, commerce extérieur…) dans une France qui depuis 10 ans a perdu plus de 500.000 emplois (2), surtout dans le secteur manufacturier.

Avec un Etat qui « constate » des pertes de recettes par milliards, par exemple, environ 200 milliards d’euros placés dans des paradis fiscaux(3), avec pour seule réaction de sa part, prendre un peu plus d’argent dans les poches vides des citoyens ordinaires, qui sont eux-mêmes obligés d’emprunter pour boucler leurs fins de mois! Avec un tel tableau, demander la confiance de nos créanciers pour garder notre triple A, afin de continuer à s’endetter à moindre coût, est-ce réaliste ?

Peut être serait-il temps d’agir pour produire de la richesse afin de rembourser ce que nous devons, sans oublier de réduire sensiblement les dépenses de l’Etat ? En attendant, que nous propose-t-on ? Une rigueur juste, ou donner du sens à la rigueur ? C’est désespérant, et de plus, ne répond pas aux attentes des français, et il faut aussi le dire, à ceux qui nous prêtent de l’argent.

(1) Marianne du 19 au 25/11 dossier « la faillite »
(2) le nouvel Obs n° 2455 du 24/11.
(3) la NR du 25/11.
Georges Poupard