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La nomination de Mario Monti à la place de Silvio Berlusconi, si elle rassure l’Europe, les marchés, et bon nombre d’économiste, ne peut qu’être qualifiée de glissement d’une grande démocratie vers… autre chose !
La nomination d’un gouvernement de « professionnels » ne fait pas qu’envoyer le politique dans les cordes, mais le sort du ring, de la salle, et du stade !
Comment ne pas être épouvanté de voir ce déni de représentation ; comment ne pas être épouvanté et de se demander de quel légitimité populaire un tel gouvernement peut il se prévaloir ?
La démocratie italienne est bien différente de la notre. Elle repose sur un régime parlementaire bicaméral en deux chambres réunies au sein d’un même parlement. La chambre des députés et le Sénat. Toutes deux sur le même modèle d’élection au suffrage direct et proportionnel à majorité de siège. En clair, le courant arrivant en tête d’une élection reçoit 55% des sièges, les 45% restants sont attribués à la proportionnelle. Chaque Président de la République siège à vie au Sénat
Le Président de la République est élu pour 7 ans par les deux chambres réunies et les Délégués de régions.
Le chef de gouvernement est nommé par le Président de la république et prête serment. Il propose son gouvernement entériné par les assemblées dans un « vote de confiance ».
Ces assemblées ont également le pouvoir de destitution par le vote de défiance.
Si Monsieur Monti a effectivement obtenu ce vote de confiance (la plus large majorité depuis la constitution de 1948 avec seulement 69 votes contre), il est bon de préciser quelques points.
Affilié à aucun parti, économiste brillant, il est désormais à la tête d’un gouvernement de « techniciens ». Et là est tout le problème, malgré des sondages qui lui donne une côte de popularité sans précédent dans l’opinion. Aucun débat, aucune élection, pas la moindre chance pour les courants politiques n’a été donnée de faire valoir un programme !
Ainsi, aucune redistribution des cartes n’a été faite dans aucune des assemblées et le peuple n’a pas été consulté sur son choix pour l’avenir. On peut également considérer que la coalition ayant garantie la victoire à S. Berlusconi est toujours majoritaire.
Le peuple italien plébiscite donc par un sondage, mais ne s’est pas exprimé par la reformation de la chambre parlementaire.
Certes, les gouvernements ne sont pas obligatoirement « politiques » mais dans le cas présent, pas un ministre n’est issu d’une assemblée. Ce gouvernement n’a de justification que les attaques menées par des marchés spéculant une dette souveraine.
En outre, il semble qu’un jeu pervers ait eut lieu 3 jours avant la nomination de Monsieur Monti à la tête du gouvernement italien. Il a été nommé Sénateur par le Président (une prérogative prévue par la constitution italienne). Cette démarche, même faisant partie de la Constitution italienne, n’est elle pas un moyen détourné de « garantir » un minimum de légitimité « politique » à ce nouveau chef de Gouvernement ?
N’y a-t-il pas un problème, lorsque l’on confie la gestion d’un pays, à un groupe de professionnels en dépit de tout raisonnement politique ? Doit-on, comme pour la Grèce, ignorer la voix du peuple ?
Doit-on considérer que quelques uns savent mieux qu’un ensemble ?
N’est-ce pas ce dernier point qui est l’origine d‘un courant populaire mondial montant appelé « les indignés » ?
Quel est réellement, tant pour la Grèce que pour l’Italie (et prochainement pour d’autres), le respect du droit à l’autodétermination garantit par l’article 2 de la déclaration universelle des Droits de l’Humain ?
Nous avons su dénoncer le fait que Dominique De Villepin soit nommé Premier Ministre en France sans jamais avoir participé à une élection. Et là, nous assistons à un « applause » collectif qui laisse comme arrière goût la soumission d’un Etat au dictat des marchés.
Ou est l’Europe ? Quel est son rôle ? La mutualisation des dettes au niveau européen ne permettrait elle pas de réduire le niveau des taux d’intérêts en garantissant une plus grande force sur les marchés ?
Bien sûr, dans la constitution italienne, ce gouvernement est de plein droit mais sur le plan éthique -cette éthique qui manque tant à la vie politique dans beaucoup de nos démocraties modernes- comment le peuple italien acceptera t’il les décisions douloureuse que Monsieur Monti va devoir mettre en place sans qu’il n’y ai eut une refonte de l’assemblée Parlementaire ?
Et, plus largement, doit on considérer, quelque soit la situation d’un pays, que des agences de notation, dont il n’existe aucun contre-pouvoir, puissent déstabiliser de la sorte des Etats au mépris des peuples qui ne sont responsables que d’avoir « gobé » les promesses de ces « quelques uns » toujours mieux informés et considérant que « ce n’est pas la rue qui gouverne » ?
Remettons nous face à l’histoire pour comprendre le poids de la spéculation obligataire et le poids réel de « la revanche » dans le déclenchement de la seconde guerre… Il se peut que l’éducation enseignée soit quelque peu chahutée !
Malgré l’excellence de la tribune parue dans le journal Le Monde et écrite par Sylvie Goulard, citant le rôle espéré comme probablement salvateur de « Super Mario » dans notre Europe si secouée, souvenons nous que, malheureusement, l’Europe n’est pas une nation et qu’elle doit accepter, par l’absorption, ou par l’éviction, les choix des peuples sans avoir peur de s’y confronter.
Retrouvez l’article du Modem-86, directement sur son site, en cliquant ici.