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M. Sarkozy est-il un converti crédible ?

M. Sarkozy est un politique de talent. A peine la primaire socialiste terminée – pendant laquelle il a laissé tout le terrain médiatique à l’opposition – il impose avec un grand sens de l’opportunité des messages forts sur la crise financière, l’émergence d’une plus grande intégration pour certains Etats européens, la défense de la filière nucléaire française, la défense de l’industrie française, etc.

 

M. Sarkozy est également un tacticien redoutable pour ses concurrents : de même qu’en 2007, il s’était présenté en rupture avec des gouvernements qu’il avait soutenus ou auxquels il avait participé, de même aujourd’hui, il préconise des réformes comme s’il n’avait pas été aux manettes depuis bientôt cinq ans. Pour l’instant, en réaction, ce qu’on entend du côté de l’opposition c’est tantôt le bruit infernal de la machine à perdre (ex. les abandons du PS au profit d’EELV sur le nucléaire et les circonscriptions contre, contre… contre on ne sait quoi !), tantôt l’assourdissant silence des petits partis de l’extrême gauche à l’extrême droite, et des centres.

Il y a un acteur (involontaire) de la politique française qui ne paraît pas du tout impressionné par le jeu de M. Sarkozy, c’est Mme Merkel. M. Sarkozy a beau déclarer que si la France perdait son rating AAA, tout serait fichu (il a dû employer un autre mot, je n’ai pas retrouvé la citation exacte), il a beau annoncer un plan de rigueur après l’autre, il a beau avoir promis que la France adhèrerait à la règle d’or (plus tard), Mme Merkel n’est pas dupe. Tant qu’il exigera en même temps que la BCE achète les dettes souveraines européennes sans limite, elle le considérera comme une sorte de M. Fregoli de la politique, capable de défendre un jour que la France n’est pas si endettée que ça – au début du quinquennat, son conseiller M. Guaino l’affirmait sans vergogne à partir de comparaisons avec les pays anglo-saxons, dans lesquelles il agrégeait endettement public et privé ! – et un autre jour, que tout est sous contrôle – alors que la France a toujours un déficit primaire (un mal dont l’Italie ne souffre pas !). Mme Merkel ne voit rien venir de notre côté qui la convainque d’un changement sincère, réel et durable de politique de la France, fondé sur une conviction partagée par l’ensemble de la classe politique. La conversion de M. Sarkozy à l’équilibre budgétaire ressemble à celle du bon roi béarnais à la veille d’entrer dans Paris : une réélection vaut bien une messe – mais que vaut la conversion de M. Sarkozy ?

A ce jour, Mme Merkel et les responsables allemands voient M. Sarkozy comme un opportuniste qui veut que la France puisse tirer sur des facilités de la banque centrale non pour passer un mauvais cap et soutenir l’économie pendant qu’on prend en parallèle des mesures structurelles sévères, mais comme un adjuvant qui permettrait d’éviter de faire les réformes nécessaires – ou alors, à toute petite vitesse, ou alors, le moins possible, ou alors à condition que leur l’effet soit reporté après l’élection suivante, etc. Entre le silence des uns et les ambiguïtés des autres, les déclarations que son ambassadeur en France lui rapporte en provenance de la classe politique française ne sont pas de nature à la convaincre que la lucidité et le courage y sont devenus la qualité dominante et la base d’un consensus nouveau appuyant les thèses actuelles de M. Sarkozy. Dans ces conditions, Mme Merkel serait bien imprudente de lâcher trop vite. Sauf à accepter l’éclatement de la zone euro et la dislocation de l’Europe, il y aura certainement un jour des « eurobonds » et des possibilités de refinancement pour les Etats à la BCE. Mais pas sans discipline : Mme Merkel fait du consentement à une discipline conjointe et contrôlée le préalable aux facilités demandées.

Le peu de confiance que suscitent M. Sarkozy et la classe politique française en Allemagne conduit Mme Merkel à jouer un jeu nécessaire mais dangereux : céder le plus tard possible contre le plus possible de contreparties. Si un matin, l’Europe se réveille avec un Etat en cessation de paiements (ex. la Grèce) ou dans l’impossibilité de refinancer sa dette (ex. l’Espagne ou l’Italie) ou avec une banque en faillite sans que le coup ait été préparé, il risquera d’être trop tard pour réparer ce qui n’aura pas été anticipé.

 

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Solon
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