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Le 4 octobre dernier, les sages-femmes étaient dans la rue. Qu’elles soient salariées de cliniques privées ou de l’hôpital public, qu’elles exercent seules ou avec des associés au sein d’un cabinet libéral, qu’elles interviennent au nom de Protection Maternelle et Infantile (PMI – service des Conseils Généraux), qu’elles soient encore étudiantes… toutes les sages-femmes, unies dans leur diversité, ont voulu tirer la sonnette d’alarme sur leurs conditions et leur reconnaissance.
Professions médicales, et non paramédicales, les sages-femmes sont souvent vues, à tort, comme des infirmières spécialisées. Leurs mobilisations visent d’abord à revaloriser leur profession auprès du public, à rappeler leur mission au service de la vie. Elles peuvent accompagner les futures mères tout au long de leur grossesse. Elles préparent les futurs parents à l’arrivée de leur enfant. Elles font naître les bébés. Elles reçoivent les femmes pour la rééducation de leur périnée, en particulier après une naissance. Elles ont, à ce titre, un grand rôle de prévention médicale et familiale. Elles sont le partenaire privilégié de la santé des femmes. Elles ont d’ailleurs un réel droit de prescription lié à cette mission.
Travailler plus…
Mais elles ne sont pas financièrement valorisées à la hauteur de leurs responsabilités. Leurs missions augmentent régulièrement. « Vous voulez gagner plus ?… eh bien travaillez plus ! Nous étendons vos compétences et le champ de ce que vous pouvez prescrire. »
Elles demandent plus de valeur, on leur donne plus de boulot.
Elles demandent de la qualité, on leur donne de la quantité.
Mais une journée n’a toujours que 24 heures ! Les consultations ne sont pas multipliables à l’extrême pour faire du chiffre. Leurs consultations durent plus longtemps que celle des médecins mais sont beaucoup moins payées. Prenons l’exemple d’une consultation de suivi de grossesse classique (cotation C), qu’une femme peut solliciter auprès de sa sage-femme, de son médecin généraliste ou de son médecin gynécologue. Cette consultation sera remboursée 23 € au généraliste et 19 € à la sage-femme (17 € hors suivi de grossesse). Cherchez l’erreur… La différence est supérieure concernant les cours de préparation à la naissance : le généraliste reçoit 44 € et la sage-femme 30,74 €. La palme revient à la consultation dite d’entretien « du 4ème mois » : 55 € pour le généraliste et 39,74 € pour la sage-femme. Et nous ne parlons pas des accouchements. Plus de 230 € de différence pour une naissance normale. L’ONSSF (Organisation Nationale des Syndicats de Sages-Femmes) a fait les calculs. Payer différemment un même acte, est-ce normal dans un état de droit ? Vous trouvez cela juste ?
La lettre clé SF, par laquelle les sages-femmes libérales cotent leurs actes, conduisait naguère à une rémunération supérieure de 10 centimes de francs par rapport à celle des infirmières libérales (profession paramédicale). Aujourd’hui, la différence est de 45 centimes d’euros… mais dans l’autre sens… au profit des infirmières. Cette lettre clé n’a pas été revalorisée depuis 2002 (+2,5 %). Sans chercher à opposer ces deux professions complémentaires mais dont la responsabilité n’est pas la même, vous trouvez cela juste ?
…pour gagner moins que les autres !
Les sages-femmes sont les moins payées de toutes les professions de santé. Le comparatif ci-dessous, établi par l’Union nationale des associations agréées, montre la situation des sages-femmes par rapports aux autres professions médicales et par rapport à certaines professions paramédicales (infirmières, masseurs-kinésithérapeutes).
Selon la caisse de retraite à laquelle sont affiliées les sages-femmes libérales, le revenu médian seraient de près de 24 000 € en 2008. Le revenu moyen serait, lui, de 26 600 €.
La non revalorisation des cotations et la hausse des cotisations sociales ne vont pas améliorer ce revenu. « Travaillez plus pour gagner moins. »
Les sages-femmes demandent une rémunération de leurs actes à hauteur de leurs compétences. Puisque ces compétences augmentent régulièrement, peut-être pour « décharger » un peu les gynécologues, de moins en moins nombreux, leurs rémunérations doivent être revues en conséquence. Le Président de la République, dès le début de son mandat, n’a-t-il pas justifié la hausse de sa rémunération par l’ampleur de sa responsabilité ? ça doit aussi marcher pour les autres ! Mais les sages-femmes, elles, ne peuvent pas le décider d’elles-mêmes. A moins de pratiquer des dépassements d’honoraires ou de privilégier les actes les plus rémunérateurs… au mépris des personnes.
L’extension de leurs missions et de leur droit de prescription est une reconnaissance de leurs compétences. Elles demandent à être reconnues comme des professionnelles médicales à part entière dans l’accompagnement des femmes et des bébés. Le fait de leur permettre de suivre les retours précoces à domicile suite à un accouchement, dans un climat moins médicalisé mais pas moins médicalement suivi, générerait plusieurs millions d’Euros d’économies sur le budget de sa Sécurité Sociale. Selon l’ONSSF, si 20 sages-femmes libérales s’y impliquent, c’est plus de 25 millions d’Euros d’économies (sur la base de 300 binômes femme-bébé visités 4 fois par sage-femme).
Leur rôle de prévention (allaitement maternel, rééducation périnéale, suivi gynécologique, etc.) permet aussi de faire d’importantes économies.
Les sages-femmes ne refusent pas de travailler plus. Elles aiment la vie qu’elles servent au quotidien. Pour cela, elles proposent aussi de travailleur mieux, de prendre leur place dans le parcours de santé pour contribuer à l’effort collectif d’amélioration des soins tout en diminuant leur coût… mais, en contre partie, d’être mieux considérées, en particulier financièrement. Ce ne sera que justice et le service de la vie n’en sera que meilleur.
Retriuvez l’article de Nicolas Haslé, directement sur son blog, en cliquant ici.