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François Bayrou, les Gays et lui

Quelle est la position actuelle du président du Modem sur le mariage homosexuel ? Interrogé par Têtu, il défend le principe d’une acceptation réciproque de la différence entre homosexuels et hétérosexuels, et se prononce pour l’adoption, le partage de la parentalité mais pas pour le mariage des couples homosexuels.

MARIE ETCHEGOYEN/STORY BOX PHOTO/SIPA

 

Si les prémices de la présidentielle ont surtout mis l’accent sur les problèmes économiques et ceux de l’école, quand certains voudraient faire croire que le droit de vote aux étrangers est un sujet de préoccupation majeure faute d’un bilan décent et de projet, « Têtu » vient de lancer un pavé dans la mare cette semaine en publiant un entretien de François Bayrou sur un thème de société qui risque de trouver un terrain fertile dans les débats des mois à venir : le mariage gay et l’homoparentalité.

Le président du MoDem est attendu au tournant sur la question. Et pour cause : ses croyances intimes ressurgissent tel un serpent de mer, dès lors qu’est abordé un sujet de société, faisant croire que ses convictions personnelles l’emporteraient sur l’intérêt général. Dans Projet d’espoir, livre-projet pour sa candidature à la présidentielle qu’il écrivit en mars 2007, il s’en était confié :

« Tout le monde sait d’où je viens. J’avais sur les questions de société la sensibilité traditionnelle. Pas de vulgarité, mais pas beaucoup d’ouverture. Je m’en tirais en affirmant que tout cela appartenait à la vie privée de chacun et que l’Etat n’avait pas à s’en saisir. J’ai même dû ajouter que cette séparation entre sphère publique et sphère privée. C’était aussi la laïcité. »

Comme si la laïcité était liée à la question homosexuelle… Une étrangeté tant le Béarnais a fait de la laïcité un combat durable, au-delà de tout soupçon, au point d’être confirmé dans sa légitimité sur la question par Jean-Luc Mélenchon, lui-même irréprochable en la matière, et que l’on ne peut accuser de complaisance avec Bayrou…

Mais ceux qui perdurent à ranger François Bayrou à droite, voire du côté de Christine Boutin au nom d’un rapprochement passé, en seront pour leur frais. Et la bigote qui radote risque de s’étrangler en se voyant transmettre les positions du président du MoDem (car il semble peu probable que l’on voie Madame Boutin se ruer au kiosque pour demander le dernier numéro de Têtu…) :

Concernant l’homoparentalité, François Bayrou est favorable à la reconnaissance des deux parents de même sexe comme responsables légaux, un engagement qui se veut sans équivoque : « Le fait que deux personnes, notamment dans le cadre de l’union que je propose, élevant des enfants ensemble, les ayant adoptés ensemble, soient reconnues toutes les deux comme parents me parait un droit logique et de bon sens ». François Bayrou précisant même : « À la vérité je ne comprends pas le débat sur cette question. Car l’homoparentalité, elle existe. […] Alors dire « l’homoparentalité, c’est affreux »… Excusez-moi, mais c’est la vie de tous les jours ! Ensuite, l’adoption homosexuelle, elle existe puisque j’ai été président du conseil général, et je suis moi-même intervenu pour qu’il n’y ait pas de distinction sur ce sujet. »

Une position qui était déjà sienne en 2007, et qui coupe court à la tentation de ceux qui pourraient voir en ces propositions une course à l’échalote électoraliste. Point de clientélisme quand il y a constance.

Mais pour 2012, Bayrou va plus loin encore, reconnaissant avoir évolué sur la question, à force de voir la société tout autour de lui emprunter des chemins différents de ceux que préconisaient la tradition, et même parmi ses plus proches. Aussi, lève-t-il le tabou des GPA, les gestations pour autrui, et fait tomber le masque sur l’hypocrisie du phénomène : « Les couples de femmes homosexuelles ont-ils accès à l’insémination artificielle ? Oui, il suffit d’aller en Belgique. Alors l’idée qu’une chose serait autorisée et légale là, et interdite en France, n’est plus de ce temps ». Et d’en conclure : « Essayons de faciliter une chose qui, pour moi, est précieuse, la vie des enfants. Des gens, que je respecte, sont très révulsés par la gestation pour autrui, et en même temps, il y a des enfants qui naissent de cette manière. Respectons leur vie, et donnons-leur leurs droits ».

Le journaliste de Têtu, qui, sans doute avait peur de ne pas avoir bien compris, demanda alors si François Bayrou était donc d’accord pour reconnaître un statut juridique aux enfants issus d’une GPA effectuée à l’extérieur de nos frontières. Ce à quoi le député répondit sans ambigüité : « Oui, bien sûr ».

On est toute de même bien loin de l’image conservatrice que certains s’évertuent à lui conférer, qu’ils résument non sans mauvaise foi sous l’adage « il est de droite » (comme si, soit dit en passant, être de droite vous rendait illégitime sur les questions de société et vous plaçait de facto dans le camp des conservateurs et des traditionnels. Ce qui est un peu oublier le cas notable de Roselyne Bachelot, certes assez minoritaire sur ces questions dans son parti, mais qui n’a jamais bougé d’un iota sur ses positions…).

Mais ces avancées, bon nombre d’internautes commentant l’article en ligne de Têtu n’ont pas voulu le voir. Bien au contraire, certains se sont même déchaînés. Avec une haine assez remarquable. Et une intolérance rare. Et même s’il faut, comme toujours, relativiser la couardise de ceux qui, réfugiés derrière leur clavier, se créent un personnage fantoche, pour expurger leur haine dans un acte purement cathartique, il faut tout de même se pencher quelque peu sur la raison de leur ire. Car s’il est un point sur lequel François Bayrou refuse de franchir le pas, que d’autres ont promis, c’est le mariage gay.

Déjà en 2007, François Bayrou avait évoqué la question, et voilà ce qu’il en disait, dans Confidences :

« Je suis pour que le mariage reste l’union d’un homme et d’une femme… Parce qu’il y a aussi des gens qui sont traditionnels et qui ont besoin d’être respectés. Tout le monde a besoin d’être respecté les traditionnels et ceux qui adoptent de nouveaux genres de vie. C’est pourquoi, je me prononce pour une union civile ».

Partisan d’une Union civile en 2007, il revient sur l’épithète qu’il a liée à son union dans l’entretien de Têtu : « L’adjectif ‘civil’ est superflu. Car civil s’oppose à quoi ? Religieux par exemple ? Il s’agit ici d’octroyer les mêmes droits, exactement les mêmes, comme la dissolution par le divorce devant le juge, les mêmes droits fiscaux, sociaux… Ce droit aux droits est légitime. Il est pour moi sans réserves. Mais le nom juste est union ».

C’est déjà pour cette raison sémantique qu’il s’était abstenu en avril dernier lors du vote pour la législation du mariage gay à l’Assemblée Nationale. Un mariage canada Dry, comme l’avait raillé Sophia Aram en sa présence dans les studio de France Inter :

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Les homosexuels en resteraient-ils alors avec le PACS qui n’offre pas le même statut que le mariage ? Assurément pas. Et Bayrou de préciser dans l’entretien : « Tous les couples qui ont un projet stable, à long terme, de vie en commun et qui veulent que ce projet soit reconnu par la société doivent avoir les mêmes droits et les mêmes devoirs. Cet engagement doit être contracté dans les mêmes conditions de solennité, y compris par l’état civil de la nation, devant le maire. Mais pour moi il s’agit d’une union, pas d’un mariage ».

 

Toujours dans Confidences, en 2007, le candidat qui allait obtenir 7 millions de suffrages autour de sa candidature, avait expliqué cette réticence qu’il qualifie de sémantique avec le mot « mariage » pour les homosexuels :

« Le mariage, c’est l’héritage du mariage religieux, comme beaucoup de sociologues l’ont dit et écrit. Laissez le mot mariage pour cette union-là ».

Mariage. Le mot sensible. Comme si toute cette question tournait autour d’un simple vocable. Une question de mot qui résumerait tous les maux autour de la question. Mais une question qui n’est pas dérisoire pour François Bayrou qui en appelle à la tolérance réciproque :

« Il y a bien des différences de sensibilité, parfois venues d’autres traditions culturelles, parfois plus traditionnelles. […] Ceux-là aussi ont droit à la compréhension. Pendant très longtemps, le combat de la communauté homosexuelle était ‘accepter la différence’. Accepter la différence, au fond, ça vaut dans les deux sens.

Sans doute est-ce là le nœud du problème entre François Bayrou et la question du mariage gay. Parce que, comme il le dit lui-même, le combat pour la « différence » date. Et n’est plus. Aujourd’hui, certains veulent faire croire, et François Bayrou n’est assurément pas de ceux-là, que la demande d’un mariage gay résulterait d’une pression des lobbys gays et d’un communautarisme organisé. Mais il n’est pas question de communautarisme quand des citoyens se battent, non pour leur différence, mais pour avoir les mêmes droits que les autres. Les organisations homosexuelles ne revendiquent nullement la différence ,mais ne font que demander de réparer une injustice, qui distingue deux classes de citoyens au sein d’une République, dont le pilier central de la devise est tout de même ÉGALITE !

Non, François, personne ne demande d’accepter la différence. Mais tous les citoyens français n’aspirent qu’à une seule chose : l’égalité en droit. Et même si l’union que vous proposez serait à l’exacte identique, le fait même de proposer deux mots, deux vocables, deux statuts donc, pour un même contenu c’est déjà faire une différence. Et ouvrir alors la porte à la prochaine injustice, dès lors que la loi sinistre de l’alternance politique aura fait son œuvre.

Alors il existe un moyen très simple de régler la question. De ne plus faire autour du mot « mariage » tant de polémiques. De refermer définitivement cette cicatrice provenant de la séparation de l’Eglise et de l’Etat et que la République a laissée s’inscrire, quand elle aurait pu définitivement effacer toute trace. Laissons, comme vous le dites, le mariage à la tradition, et donc au religieux. Et inscrivons dans la loi française que deux personnes majeures peuvent s’unir, quel que soit leur sexe, devant Monsieur le maire, et non plus se marier. Et célébrons leur Union devant la République.

Désormais on s’unirait. Que l’on soit homosexuel ou hétérosexuel. Et, les croyants qui le souhaitent, pourraient également se marier… mais à l’église. L’un pour offrir un statut juridique et civil. L’autre pour s’unir devant Dieu. Sans subir les foudres de la sémantique. Et surtout sans prendre le risque, comme cela se profile en Espagne, de revenir en arrière, au rythme de la cynique alternance politique.

Alors, chiche François ?

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