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Si je partage l’analyse selon laquelle le grand perdant du deuxième tour des primaires socialistes n’est pas Martine Aubry mais Nicolas Sarkozy, je pense qu’en revanche, François Bayrou n’a qu’à se réjouir de la victoire de François Hollande.
Depuis la victoire de François Hollande à la primaire socialiste, de nombreux commentateurs politiques ont affirmé que cette victoire, acquise par un “centriste de gauche”, était une mauvaise nouvelle pour Nicolas Sarkozy mais également pour François Bayrou. Or, si je partage l’analyse selon laquelle le grand perdant du deuxième tour des primaires socialistes n’est pas Martine Aubry mais Nicolas Sarkozy, je pense qu’en revanche, François Bayrou n’a qu’à se réjouir de la victoire de François Hollande. Pourquoi ?
La bipolarisation de la vie politique française a eu souvent, mais pas toujours, comme conséquence de marginaliser les extrêmes et laminer le centre dès le premier tour. La seule fois sous la Vème République où un représentant de l’extrême droite, tel Jean-Marie Le Pen, parvint au second tour de la présidentielle, correspond à un éparpillement des candidatures à droite comme à gauche, qui anéantirent l’effet de la bipolarisation en lui substituant la fragmentation du corps électoral. L’autre cas concerne Valéry Giscard d’Estaing en 1974 qui parvint au second tour au prix d’une division profonde du bloc gaulliste.
Ainsi, quand un extrémiste parvient au second tour, la victoire est acquise par le camp opposé comme ce fut le cas de Jacques Chirac en 2002. En revanche, la présence d’un centriste au second tour face à n’importe quel représentant de droite ou de gauche, lui donne un avantage certain car il peut alors compter sur le ralliement du camp opposé qui vient s’additionner aux voix du centre. Bien entendu, cette vérité électorale a son exception : le deuxième duel Giscard-Mitterrand. Mais faut-il alors préciser que le bilan de Valéry Giscard d’Estaing était plus que mitigé, que son image était écornée par plusieurs affaires dont celle des “diamants” et enfin, qu’il fut allègrement trahi par Jacques Chirac qui lui fit la guerre trois ans durant et donna en sous-main la consigne de voter pour François Mitterrand ; à l’impossible nul n’est tenu !
Mais quelle sera la situation en avril et mai 2012 ?
La gauche devrait être représentée par François Hollande qui concentrera les voix socialistes et radicales de gauche, avec une capacité à mordre au centre à la condition de ne pas faire face à une candidature centriste crédible. Les Verts et le Front de Gauche devraient être présents ainsi que Lutte Ouvrière et le Nouveau Parti Anticapitaliste. Nul doute pour personne que c’est François Hollande qui sera le représentant de la gauche au second tour et nul ne peut douter que, molle ou dure, toute la gauche s’unira au second tour sur son nom.
On peut ajouter qu’en plus, il dispose d’une réserve au premier tour, au cas où les sondages le mettraient en danger de ne pas être un des deux finalistes, constituée d’un certain nombre d’électeurs, notamment des Verts, qui préfèreront voter utile que de marquer leur véritable appartenance au premier tour.
La droite devrait être représentée par Marine Le Pen, Nicolas Sarkozy et le centre par François Bayrou. Les autres candidats potentiels donneront peut-être de la voix tels Dominique de Villepin, Nicolas Dupont-Aignan, Christine Boutin ou encore Hervé Morin mais arriveront-ils au bout de la candidature quand ils sont tous crédités de 1 à 3 %. ? Par ailleurs, pourront-ils résister aux énormes pressions que peut mettre en œuvre l’UMP quand on voit comment un candidat capitalisant 6 à 8% des intentions de vote tel Jean-Louis Borloo, vient de jeter l’éponge ?
Le Tableau final devrait donc comporter quatre candidats capables d’aller au second tour, François Hollande, Nicolas Sarkozy, Marine Le Pen et François Bayrou qui, souvenons-nous, fit presque 19% en 2007. Un seul candidat de gauche contre deux candidats de droite et un seul du centre facilite l’analyse politique du second tour potentiel.
Traitons le cas de Marine Le Pen afin de nous en débarrasser ; son adversaire ne pourrait être que François Hollande et dans ce cas, elle perdra le second tour et François Hollande sera élu Président.
Reste le trio Nicolas Sarkozy, François Hollande et François Bayrou. De ces trois candidats potentiels, Il n’y a que deux duels possibles et imaginables car personne ne table sur un duel Sarkozy-Bayrou qui parait totalement improbable au vue des intentions de vote actuelles et de leur évolution probable. En revanche le duel Sarkozy-Hollande est actuellement celui qui est privilégié par tous les commentateurs car il apparait à tort comme le plus naturel.
Si ce duel a lieu, que personne ne doute que François Hollande en sortira vainqueur avec un score d’anthologie qui l’emmènera au delà de 55% de majorité. Ce chiffre est inférieur aux sondages actuels de deuxième tour mais au delà de son haut niveau, il nous en apprend beaucoup sur l’indéfectible rejet de Nicolas Sarkozy par les centristes. En effet, toutes les enquêtes d’opinion quantitatives montrent que l’ensemble de la Gauche représente au maximum entre 44 et 48% des électeurs en âge de voter alors que son représentant friserait actuellement les 58 à 60 % dans un duel Sarkozy-Hollande.
Enfin, il reste le duel Bayrou-Hollande. Ce duel n’est pas actuellement d’actualité au vue des sondages et des intentions de vote des électeurs, mais qu’en sera-t-il à l’approche des échéances ? Tant que le candidat socialiste n’était pas connu, les sondages de deuxième tour n’avaient pas vraiment d’intérêts si ce n’est de connaitre le socialiste ayant le plus de chance de battre Nicolas Sarkozy. D’ailleurs cette information a été justement prise au sérieux par les électeurs, ce qui a fortement boosté la dynamique de François Hollande.
Mais cette réaction d’une partie des électeurs de gauche allant au vote utile, pour mettre en avant celui ayant le plus de chance au deuxième tour, nous enseigne aussi que ceux de la droite vont avoir un réflexe similaire si, semaine après semaine, ils constatent que leur champion n’a aucune chance de battre François Hollande (ce qui n’aurait pas été le cas d’un duel Sarkozy-Aubry) .
En revanche les sondages vont peu à peu démontrer qu’un duel Bayrou-Hollande est beaucoup plus serré et que l’issue de ce combat n’est pas écrite d’avance. Dans cette hypothèse, nous devrions observer une montée lente et progressive des intentions de vote en faveur de François Bayrou dès son entrée en campagne en décembre prochain, avec une forte accélération de cette montée en puissance dans les quatre semaines d’avril précédent le premier tour.
En hippisme, discipline chère à l’impétrant centriste, cela porte un nom : faire une course d’attente et passer le poteau sur une pointe de vitesse finale. Sera-ce suffisant ? Pas certain mais plausible.
Alors oui, François Hollande est bien le meilleur atout de François Bayrou, puisque sa victoire annoncée d’un duel Sarkozy-Hollande peut justement générer chez ceux qui veulent faire barrage à la gauche, un report de voix dès le premier tour sur François Bayrou le propulsant au deuxième pour y battre François Hollande. CQFD
Très bonne analyse, qu’il faudra diffuser largement aux électeurs de droite ! Un peu de pédagogie sur ce vote utile ne fera pas de mal.
Nous avions manqué de pédagogie active en 2007 quand les sondages montraient que Bayrou au 1er tour pouvait l’emporter à 55% à la fois face à Sarkozy et face à Royal. Les mêmes sondages montraient que Royal perdrait au 2ème tour face à Sarkozy.
Et bien je suis heureux car j’avais à quelques détails près , fait la même analyse !!
Tres interessant, merci! A la lecture des commentaires qui expliquaient que la selection de Hollande allait grapiller des voix au centre (notamment au nom du vote dit utile…), j’avais effectivement commence a me dire que l’on ne regardait pas forcement du bon cote de l’echiquer, et que les grands decus du Sarkozysme allez sans doute continuer a se rapprocher du Centre. Je n’avais pas envisage la notion de vote utile de la droite contre Hollande! L’analyse est fine, j’espere simplement qu’elle ne s’averera pas « trop fine ».
J’avais approché la même analyse , mais je chutais sur un autre dénouement , si ( comme je le crois) la situation de la France continue à se dégrader fortement , il n’est pas impossible d’envisager un deuxième tour Bayrou/Le Pen ….avec à la clé lors des législatives deux courants extrêmes et une majorité centrale . Une partie de la droite avec le FN , une partie de la gauche avec le front de gauche et le reste en majorité de « survie » ….
Je vois bien au second tour un duel Bayrou-Hollande