Démocrates de tout le pays, unissez-vous sur ce média social !
Retour sur la venue du Candidat-Président de la République à Aubusson.
La venue du Président de la République à Aubusson a attiré la grande foule au Hall Polyvalent ; en effet, plus de 2.000 personnes s’y étaient massés pour assister au discours du chef de l’Etat sur la ruralité. Parmi les spectateurs, tout un parterre d’élus locaux d’opposition qui ont joué le jeu du respect de la fonction présidentielle par courtoisie républicaine : Michel Moine, Maire d’Aubusson, Jean-Jacques Lozach, Président du Conseil Général, les Conseillers Généraux René Roulland et Guy Avizou, notamment, ainsi que le Conseiller Régional socialiste Gérard Vandenbroucke, mais aussi des élus de la majorité présidentielle, tels que Vincent Turpinat et Nicolas Simonnet.Le Mouvement Démocrate, attentif à la teneur des propos du Président de la République, était également présent, représenté par son Président Eric Daubechies, Nathalie Pagani et moi-même, qui représentait les Jeunes Démocrates.
Accusant un certain retard, le Chef de l’Etat se présenta, escorté par le député UMP de la circonscription, Jean Auclair et plusieurs ministres du Gouvernement, afin de prononcer un discours très attendu par les creusois sur une thématique qui trouve toute sa résonnance localement. Un discours présidentiel clairement déclamé par un futur candidat à l’élection suprême de 2012, car au delà de quelques généralités consensuelles sur la question, Nicolas Sarkozy s’est fendu de quelques extrapolations afin de justifier des réformes entreprises durant son quinquennat, parmi lesquelles, notamment celle des retraites, rappellant qu’elle a permis de préserver (pour l’instant), le niveau actuel des pensions.
Nicolas Sarkozy, clairement en posture de candidat, lorsqu’avec un certain humour, ce dernier, du haut de sa stature présidentielle, ironise sur la présence de Martine Aubry dans le département, jumelant sa visite en Creuse avec la sienne, cette dernière étant soutenue par le député-maire de Guéret Michel Vergnier, venue dans le Département sur un thème analogue « Je vous ai amené du monde, c’est tellement bon d’être suivi« . Un hasard curieux qui laisse à penser que la Creuse, terre rurale par excellence, a été prise en otage sur une question instrumentalisée politiquement. Assurément un coup médiatique tenté par Mr Vergnier à l’occasion de cette visite présidentielle.
Quoi qu’il en soit, le candidat Sarkozy est bien entré en campagne, fustigeant la Gauche qui « se déchaîne démagogiquement » sur la question des services publics, dénonçant l’assistanat « qui n’a pas d’avenir« , précisant avec une certaine poésie que « l’on achète pas le silence de ceux qui souffrent« , attaquant ses adversaires sur la question agricole, jugeant que la fonctionnarisation de l’Agriculture est dûe aux travers de la « subventionnite« . Ce qui au demeurant me paraît tout à fait juste.
Pour ceux qui en doutaient, les hostilités sont bien lancées, sur le plan idéologique d’abord, sur le terrain ensuite.
Car concrètement, le Président-Candidat s’est échiné à donner une vision d’espoir aux territoires ruraux, les invitant à s’entreprendre sans céder au misérabilisme, argumentant sur des migrations de population vers les campagnes (qui peuvent aussi s’expliquer bien autrement…) qui justifieraient les politiques menées à l’égard des territoires ruraux.
Ce que certains voient comme un démentellement des services publics, lui le voit et le présente davantage comme une optimisation des services à rendre au public, préférant dès lors la mise en place d’un pôle d’excellence rurale préservant le savoir-faire séculaire en matière de tapisseries à Aubusson, qu’en sauvant un bureau de poste par lequel transitent trois personnes par jour. Une vision qui peut se défendre au nom de la logique comptable, mais qui ne doit pas faire fî des particularismes locaux de certains territoires, mal desservis parce que cloisonnés en l’absence de voies de communication. Encore une fois, cela touche à la conception même de ruralité qui ne se décline pas de la même manière selon que l’on est à la Souterraine, irriguée par la N145, où à Crocq.
Les besoins en matière de services publics s’apprécient différemment, mais n’en sont pas moins nécessaires à l’équilibre du tissu social, et constituent un repère attractif pour les populations. Chaque cas, parce que différent doit être traité avec « pragmatisme« , « bon sens« , certes, mais aussi avec « Justice et Equité territoriale » Car si l’Etat ne peut pas être présent partout, il doit être présent pour tous !
Le Président de la République a évoqué comme une des principales faiblesse, et carences des zones rurales, le développement économique, insuffisant autant qu’insatisfaisant pour assurer une dynamique. Un débat récurrent à Aubusson, précédemment évoqué sur ce blog.
Nicolas Sarkozy a précisé que le socle du monde rural reposait sur l’agriculture, lui qui se félicite de la réduction des charges salariales de l’ordre de 210 millions d’Euros pour les agriculteurs, une exonération facilité par la taxe sur les sodas, visant à permettre aux agriculteurs d’être plus compétitifs sur le marché.
Mais nous ne saurions réduire la seule sphère économique des territoires ruraux à la seule agriculture ; les Pôles d’Excellence Rurale constituent également un moteur. Nicolas Sarkozy citant aussi l’exemple des points multiservices, assurant une certaine dynamique dans les villages. Mais cette image demeure par trop réductrice et généralisée.
Comme je l’ai déjà expliqué, l’Etat a un rôle structurant vis à vis du territoire, pour lui permettre un développement cohérent appuyé sur la base de ses potentialités. Le décloisonnement, sujet récurrent localement, représente pour nous un défi à relever, et si le Président de la République a cité à ce titre l’exemple de la N-145, il a par ailleurs précisé que de nouvelles infra-structures routières et ferroviaires allaient être construites pour favoriser le décloisonnement des territoires isolés, mais aussi l’accès au haut débit et à la fibre optique pour tous. Il apparaît évident que nous serons attentifs au respect de ces engagements, qui conditionnent nécessairement notre avenir.
La réussite économique passe aussi par l’emploi et la création d’emplois. A ce titre, le Président de la République a annoncé ni plus ni moins que la création d’un Centre Pénitentiaire en Creuse. Un sujet déjà évoqué dans le passé mais confirmé officiellement. Là aussi, nous serons attentifs à la réalisation finale de ce projet.
Mais l’emploi, c’est aussi la production, relocalisée. Et sur ce sujet, pas un mot, ou très peu. Pourtant les zones rurales ne sont pas vouées simplement au tourisme vert ou au résidentiel ; le Président de la République l’a rappelé sans aller plus avant sur la question, mettant en avant essentiellement le mécanisme de péréquation qui permet de dégager des moyens importants à l’égard des départements ruraux.
Au total, sur ce sujet de la ruralité, un discours cohérent, à l’idéologie marquée, bien construit, à la fois intéressant, mais aussi frustrant et réducteur. Un discours de campagne, trop marqué par certaines justifications inadéquates vis à vis du sujet.
Si nous pouvons noter des points de convergence sur le pragmatisme et le bon sens nécessaire, notamment sur le fait de ne pas identifier le territoire rural comme un lieu où le misérabilisme s’impose, mais comme un territoire d’avenir, s’il est manifeste qu’il ne sert pas de faire vivoter à coups de subvention des secteurs déjà en difficultés, mais d’encourager l’initiative, novatrice, dynamique et prospective, s’il est important de sortir de la tutelle de l’assistanat qui inhibe toute velléité, il n’en demeure pas moins des points de divergence : l’Etat doit garantir son devoir structurel et la cohésion de sa présence sur les territoires afin d’offrir à une population, qui a tendance à se sentir isolée et abandonnée, des services pour le moins nécessaires, notamment en terme d’éducation et de santé. Les réformes entreprises depuis 2007 ont eu tendance à ébranler l’équilibre du tissu social dans nos territoires, qui, pour ce qui concerne au moins la partie sud de notre département, ne gagne pas d’habitant, et qui continue de se paupériser. Les facteurs de cette paupérisation ont beau être multiples, nul ne doit fuir ses responsabilités, à quelque niveau que ce soit.
Des promesses, pas des moindres, qui peuvent conditionner l’avenir de nos territoires à court et moyen terme ont été faites. Elles devront être tenues. Car au final, c’est le verdict de l’Histoire, seule juge de l’action humaine, qui permettra ou pas de donner de la valeur et du poids à ce discours. Car au delà des mots, si simples à agencer, ce sont les actes qui demeurent.
Retrouvez l’article de Matthieu Charvillat directement sur son blog.