Je votais pour la première fois aux sénatoriales

Je n’ai jamais été autant plébiscité que ces derniers mois, quel succès ! Depuis que je suis élu, on me parle de cette date fatidique du 25 Septembre 2011, un moment crucial dans le paysage politique français.

A l’approche des élections sénatoriales, tous les partis me font parvenir mails et courriers pour que je soutienne leurs voix. Quel franc succès ! Je ne peux qu’en être flatté, moi qui suis un élu local et qui démarre dans ce monde.

J’arrive à dix minutes de l’heure limite du vote, et je prends l’une des dernières enveloppes qui peuvent soit garder le département à droite ou le faire basculer à gauche. A la préfecture, la pression était pesante, les sourires avaient disparus pour certains et pour d’autres une grande satisfaction apparaissaient sur leur visage, j’avais l’impression d’assister à un combat de gladiateurs sans les armes. On peut voir les jeux d’appareils, les alliances et les négociations.

Les anciens veulent garder leurs postes de sénateurs, avec tous les privilèges qui vont avec et la nouvelle génération est prête à tout pour s’imposer et rentrer dans la cour des grands.

Pour gagner, certains s’unissent, malgré les nombreux désaccords, à croire que le succès doit inclure quelques sacrifices.

Dans mon département, des listes dissidentes ont vu le jour car visiblement pas d’accord avec leur parti respectif, la majorité faiblit et cela fait le bonheur de l’opposition.

A la préfecture, je rencontre mes amis et les membres des différents groupes politiques, beaucoup de sourires et peu de sincérité.

Ce qui m’a choqué, c’est le non renouvellement des élites politiques, avec le stéréotype que j’en avais. Quand je vois ces nouveaux élus, qui sont toujours les mêmes, je me demande s’ ils sont à l’image de la France?

On reproduit les mêmes choses, en choisissant peu de femmes, pas de personnes « issues de la diversité » et pas d’élus souffrant d’un handicap.

Quand je pense que ce sont les grands électeurs, les mêmes que le peuple a choisi pour les représenter, et qui donne leur aval à cette reproduction sociale, je trouve que c’ est un véritable échec.

A l’heure où j’écris ces quelques lignes, j’entends la radio et j’apprends que le Sénat a basculé à gauche, lourde défaite pour le gouvernement qui a connu de nombreux échecs aux dernières élections. Même les Hauts-de-Seine ont changé de majorité !

Quand je repense à cette journée, il y a un proverbe de Churchill qui me revient à l’esprit : « La politique est plus dangereuse que la guerre ! A la guerre, vous ne pouvez être tué qu’une seule fois. En politique plusieurs fois ».

Retrouvez directement l’article de Karim Yahiaoui ici.