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Au milieu des remugles nauséabonds de la Françafrique, des dossiers Karachi et des frégates de Taïwan, le nom de François Bayrou est venu ces jours-ci.
L’intéressé s’est défendu avec vigueur, rappelant qu’il n’a lui-même jamais touché un sou douteux, et que depuis qu’il en est président, le mouvement centriste n’a jamais reçu non plus le moindre centime suspect. Il a raison. Et comme on ne trouve pas de bonne raison de le mettre en cause, on s’emploie à l’agglomérer à l’équipe resserrée d’Édouard Balladur lors de la campagne de 1995 (sur laquelle les soupçons de financement illicite s’amoncellent), alors même que le simple fait qu’il ait été maintenu à son poste ministériel par le président Chirac fraîchement élu en 1995 devrait avoir suffi à l’exonérer de ce soupçon absurde.
Je me souviens d’une réunion d’une vingtaine de jeunes avec Bayrou, dans un bureau du ministère de l’Éducation Nationale, rue de Grenelle, pendant la campagne pour l’élection interne du CDS à l’automne 1994. Bayrou nous demande, un par un, pour qui nous voterons au printemps suivant. J’entends les autres jeunes répondre, un par un, le nom de Balladur. Il y avait une focalisation quasi-viscérale contre Jacques Chirac chez la plupart de nos jeunes. Parfois, il me semblait que cette focalisation frisait l’aveuglement, car les défauts reprochés à Chirac étaient autant présents chez son rival de droite, Pasqua avait sa Françafrique, et sa vision du monde n’était pas loin de celle du Front National que nous combattions (et combattons) becs et ongles, et Pasqua soutenait Balladur. On sentait même dans l’état-major balladurien la tentation de s’allier avec le FN, qui paraissait exclue chez Chirac.
Vint mon tour, je répondis à Bayrou que j’étais désolé, mais que pour ma part, je voterais Chirac au printemps suivant. Bayrou me sourit et expliqua que, s’il soutenait Balladur, c’était pour empêcher la porte de la candidature unique de se refermer sur la droite. On voit que Bayrou était encore loin d’un positionnement centriste pur et dur, mais c’est sans importance, il est heureux que nous apprenions de notre expérience. Cette version me convenait. Je ne soutenais pas Chirac par appétit de disparition du centre, mais au contraire pour éviter que la bipolarisation ne se referme sur notre vie politique : Chirac avait promis que, s’il gagnait, il ne ferait pas pression pour la fusion du RPR et de l’UDF, alors que Balladur militait pour un parti unique de la droite, une CDU à la Française regroupant les formations politiques de ce qu’on appelait alors improprement la « droite républicaine ».
On voit donc que Bayrou, s’il avait intérêt à soutenir Balladur pour empêcher Chirac d’imposer la candidature unique de droite, avait cependant intérêt à la victoire de Chirac, pour empêcher le parti unique de droite et du centre. C’est pourquoi faire de Bayrou un proche collaborateur de Balladur est une imposture.
Rappelons d’ailleurs que sa géométrie politique différait entièrement de celle de Balladur, puisque dans son discours du congrès qui l’a porté à la présidence du CDS, en décembre 1994, Bayrou prit explicitement position pour un grand parti central, allant « de Balladur à Jacques Delors ». La seule piste qu’il visait était celle qu’il tente encore d’imposer à notre classe politique, celle de la majorité centrale. Il faut qu’on lui en donne acte.
Retrouvez l’article de Hervé Torchet directement ici.
Cher Hervé,
Comme tout cela est juste,et historiquement authentique J’etais alors moi,meme au parti radical et il y avait le meme tropisme balladurien. Je fus donc aussi chiraquien parce que je fus sensible au positionnement plus
travailliste du candidat. Puis comme certains nous comprimes que l’idée du parti unique avait contaminé le plus vieux parti de france et que Bayrou etait celui qui allait resister et qu’il serait fidèle a une ligne centriste modernisée et sans compromission.