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La crédibilité des projets économiques sera le critère discriminant de la campagne 2012.
La crise effraie à beaucoup d’égards, elle est multiforme, financière, économique, sociale, écologique. Les États sont endettés au-delà de l’acceptable, la croissance est en berne depuis trop longtemps, les délocalisations et les licenciements boursiers font rage. Ce constat désolant ne fait pas débat. C’est la crédibilité des candidats et de leurs projets pour faire face à cette situation calamiteuse qui est en question, et ça c’est nouveau depuis une quarantaine d’années.
L’administration Reagan, à la suite de la sortie officieuse de l’étalon or en 1971, a posé au début des années 80 les bases de l’économie financière en cours actuellement aux États-Unis, mais aussi en UE. C’est elle qui a, à la fois, déplafonné les hauts revenus, qui étaient stabilisés grâce à la fiscalité depuis 1930, et déréglementé la finance. Elle met en application le concept, maintes fois récusé par la pratique, du caractère rationnel et autocorrecteur des marchés. Même Adam Smith était resté très favorable à la réglementation stricte de l’activité bancaire. Il savait bien que livrés à eux-mêmes, les hommes sont capables de vendre n’importe quel produit frelaté, qu’il s’agisse d’obligations, d’aliments, de médicaments ou de bâtiments.
Sans se laisser distraire par les alternances successives des gouvernements, la politique économique française emboîte le pas de l’administration Reagan, comme tous les autres pays de l’UE, avec constance depuis trente ans. A partir du début des années 80, l’économie se financiarise, les hauts revenus ne cessent de s’accroître, en même temps que le nombre de personnes en-deçà du seuil de pauvreté. La dette apparaît, puis ne disparaîtra plus, les salaires stagnent, et la fracture sociale se dégrade continuellement jusqu’à aujourd’hui. Le mandat de Nicolas Sarkozy aura donné un coup d’accélérateur à cette dégradation.
Serait-on arrivés à la fin de de cette phase de déréglementation ? La crise de 2008, même si elle n’a malheureusement rien changé aux pratiques, malgré les actes de contrition spectaculaires, a néanmoins marqué les esprits. La prise de conscience, au même moment, du caractère fini des ressources naturelles et de l’irréversibilité des dommages de l’activité humaine affectant l’ensemble de la communauté terrestre, a permis de rendre audibles des discours totalement ignorés il y a quelques années seulement.
On entend et on lit de plus en plus souvent qu’il faut « inventer autre chose ». Ceci dit, même si l’ensemble de la presse américaine titre entre octobre 2008 et février 2009 « Le capitalisme est mort », personne n’envisage de considérer le communisme comme une alternative. Non, il faut explorer de nouvelles règles de vie en commun, de création et de répartition des richesses, de respect des cycles naturels.
En dehors des gouvernements russe et chinois, globalement hermétiques à ce brainstorming mondial, les responsables occidentaux sont loin d’être consensuels. Il faut dire que les fondamentaux actuels (rationalité des marchés, caractère illimité des revenus, rentes de situation des entreprises mondialisées, exploitation ignorante de l’épuisement irréversible des ressources…) constituent pour beaucoup d’entre nous, le seul référent intellectuel de notre vivant, et pour certains, une situation clairement avantageuse sur le court terme.
La crédibilité des projets sera le critère discriminant de la campagne 2012. Comme il faut imaginer ce qui n’a pas encore eu lieu, c’est le degré de conviction de l’électeur que les recettes traditionnelles de la déréglementation financière ne marchent plus qui donneront plus ou moins carte blanche à des propositions jugées invraisemblables ne serait-ce qu’en 2007. Des « folies » de lèse-majesté comme la mise sous tutelle publique des banques, le blocage des prix, la sortie du nucléaire, l’instauration d’un salaire maximum, la déconnexion du lien entre croissance et emploi, la progressivité de l’impôt des ménages et des entreprises, sont ouvertement posées dans le débat de cette présidentielle.
Dans cette phase d’incertitude, de remise en cause des repères, le-a candidat-e qui l’emportera sera celle qui aura su ne pas apparaître comme trop iconoclaste aux yeux de ceux qui n’imaginent pas qu’un autre système économique soit possible, tout en ayant la conviction profonde, que le XXIe siècle commence (comme ce fut le cas pour le XIX et le XXe…) dans la deuxième décennie.
Un exemple, qui bien que probablement difficile à mettre en place chez nous est assez intéressant : http://www.semco.com.br/en/ . Une compagnie dont la plupart des règles de fonctionnement sont approuvées par les employées. Ca n’est probablement pas la voie qui sera suivie, mais c’est une voix à entendre pour prouver qu’il est possible de créer un modèle meilleur, basé sur le mérite et la reconnaissance du travail.
Au point de vue national, la France ne pourra s’en sortir que par un regain de confiance envers la (les) politique(s). La France est très loin d’être le pays le mieux noté en terme de corruption, un certain nombre de classements vont dans ce sens.
Nous nous sommes laissés attirer par l’appât de l’argent, à tous les niveaux, et les mieux placés en ont abusé. Nous nous retrouvons donc dans un système bancal, où personne ne se sent bien, tout le monde a l’impression de payer pour les autres. Les dérèglementations soulignées par l’article sont bien entendu une des sources de ce malaise, la toute puissance des banques et du domaine financier, qui devrait être un moteur de croissance par ses investissements, et en fait devenu une pompe à fric. Désintéressées totalement de l’avenir à long terme des entreprises qu’elles financent, elles ne cherchent (comme beaucoup de monde dans la société actuelle) qu’à faire du profit à court terme. Et c’est probablement par là où il faudra commencer l’éducation des jeunes: de la même manière que leur éducation est un investissement à long terme, ils doivent comprendre l’intérêt du long terme, que ce soit dans le domaine des finances, mais aussi de la politique, du budget personnel, de l’écologie, ou même des relations humaines. L’important pour eux d’agir maintenant, non pas pour résoudre un problème, mais pour en chercher et éradiquer ses sources afin qu’il ne se reproduise plus.
Je ne détiens pas LES solutions pour arriver à un tel enseignement, mais je sais qu’il est possible de trouver des solutions, et que nous pouvons les trouver. L’avenir est toujours plus proche que ce qu’on le croit, et il faut pouvoir faire en sorte qu’il soit le meilleur possible, pour nous ainsi que pour les autres autour de nous.
Parlant d’avenir, je ne comprends pas comment -en ces temps- on peut (en tant que français) vouloir à tout prix sortir du nucléaire sans penser aux conséquences. Autant renforcer la sécurité est une option, autant sortir du nucléaire nous amènerait à des augmentations de tarifs (pour lesquelles les Français protesteront par la suite) et nous ferait perdre tous les investissements effectués jusqu’à présent, investissements qui visent -à plus ou moins long terme- à accéder à une énergie plus « propre » en terme de déchets et avec un rendement bien plus efficace.
Il ne faut pas se leurrer, une des seules énergies renouvelables qui est viable en ne détruit pas trop l’environnement est la marée-motrices (ne dégrade « pas trop » l’environnement naturel, et ne dépend pas des variations climatiques). Les autres sont soit trop dépendantes du climat (éolien/solaire) soit dégradent l’environnement (barrages hydrauliques)… La recherche dans le nucléaire ne doit surtout pas être abandonnée, même si l’option de réduire la production en attendant un meilleur bilan peut être envisagé.
De même qu’un salaire maximum -dont l’idée assez subjective est assez difficile à justifier je trouve- ne peut être mise en place sans mettre à mal la compétitivité. Il me semble qu’un ratio salaire maximum/salaire minimum de l’entreprise serait quelque chose bien plus efficace, et pourrait dans ces conditions pousser vers le haut les plus bas salaires.
Nos problèmes sont bien connus: l’influence des marchés sur la politique, et l’immobilisme social français. On ne peut pas toujours rester sur des acquis lorsque tout le reste s’écroule. Il faut savoir garder les fondamentaux et abandonner l’optionnel lorsque la conjoncture nous l’impose.
Une des réformes qui pourrait être intéressante, serait de limiter l’accès de l’état à l’emprunt sur les marchés financiers, l’état ne devant se financer qu’en national, que ce soit au niveau citoyen, mais également par le biais de ses PME. Mais également une grande réforme du syndicalisme à la française, et de l’influence des groupes syndicaux. Ramener la parole plus proche des citoyens, et non à des institutions qui parlent en leur nom.
Aujourd’hui le numérique est là, il permet de faire émerger de nouvelles pratiques, il faut en profiter, c’est le moment de bâtir pour l’avenir.