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Europe : « Il vaut mieux aller vers une finalité avec difficulté plutôt que d’affronter des difficultés sans finalité »

Ayant participé avec entrain et assiduité à l’Université de rentrée du MoDem, le MoDem Alsace nous livre un compte-rendu de l’événement et de l’un de ses forums.

Après des interventions très intéressantes et enrichissantes le vendredi après-midi dès 15 heures, dans un cadre idyllique, les deux autres journées ont été pleines d’instruction tant sur le plan de la politique, de la finance (comprendre la dette et trouver les solutions pour la contenir et sauver les générations futures), de l’Europe, que sur le contenu de notre programme : produire, instruire et reconstruire. Les maîtres mots de ces journées. Quatre moments forts lors de ces journées : les interventions de Michel Godet (mettez un Godet dans le MoDem et nous irons loin et vite), Arnaud Gossement ou comment concilier l’environnement et l’écologie avec le développement et la démocratie, Jean-François Kahn égal à lui-même et le moment le plus fort, le témoignage de Nejib Chebbi sur la révolution tunisienne et son parcours d’opposant au régime pendant plus de 30 ans. Un week-end riche d’enseignements précieux et tellement revivifiant. De quoi avoir une très forte motivation pour les prochains mois. Une vraie thérapie anti crise. Avec cela un tas de rencontres, dans une atmosphère détendue et propice à un vrai humanisme, avec des adhérents des quatre coins de la France, plus sympa les uns que les autres.

On en redemande.

 

Compte-rendu du forum « L’Europe, de l’absence à l’affirmation », intervenant par intervenant

Introduction de Marielle de Sarnez :

L’Europe traverse une crise grave et difficile liée à l’absence de capitaine, l’absence d’unité politique et surtout par l’absence de plan d’ensemble pour la surmonter. Et pourtant, il est impossible qu’un Etat membre soit en défaut de paiement sans un retentissement immédiat sur notre monnaie commune. L’euro en perdrait son crédit. Les opinions publiques inquiètes n’entendent pas de bonnes réponses de leurs hommes politiques, ils ont alors naturellement tendance à se recroqueviller sur eux mêmes. Le deuxième plan d’aide n’est pas encore accepté, malgré l’urgence et certains demandent des gages de remboursement pour débloquer la situation. Notre solidarité devrait au contraire nous faire tenir nos engagements, en donnant le temps nécessaire à un possible redressement, donner des perspectives de sortie de crise. Car les solutions existent :

– la mutualisation des dettes serait une réponse aux marchés
– une vraie gouvernance économique (hors idée farfelue proposée récemment)
– une gouvernance politique pour crédibiliser le choix économique.

Actuellement il n’y a pas de présence de l’Europe, il faudrait un président élu par l’ensemble des citoyens et non nommé par les chancelleries.

 

Dora Bakoyannis, en direct d’Athènes, ministre des affaires étrangères de Grèce (2006-2009), ancien maire d’Athènes

Dora Bakoyannis vient de créer une nouvelle force politique au centre. La phase vécue actuellement par le peuple est très douloureuse. Depuis des années, la consommation a été alimentée par la dépense publique. Il s’en est suivi une importante baisse de compétitivité.

Le violent retour à l’équilibre dans l’urgence est insoutenable pour la population. Les mouvements en place actuellement ne peuvent répondre à cette crise car ils sont responsables de la politique locale et européenne, cause de la situation, de la perte de confiance des citoyens, et enfin du gel des capitaux secondaire au possible défaut de paiement.

La seule solution : un gouvernement d’union nationale autour du centre indiquant le seul chemin possible.

 

Pat Cox, ancien président du Parlement Européen

L’Irlande est un pays de la périphérie, lui aussi gravement touché par la crise de la dette des Etats souverains. Ce pays a vécu jusqu’en 2007 sa quinzaine glorieuse. Les abondantes liquidités ont apporté succès mais aussi excès, notamment dans une bulle immobilière qui a explosé. Les dettes bancaires ont alors été socialisée et se sont rajoutées aux dettes privées, la dette souveraine est devenue incontrôlable mettant l’état sous surveillance. Un programme de consolidation budgétaire associé à un programme structurel a été imposé, entraînant une chute brutale de la croissance.

La dette publique a été jugulée grâce à un surplus de leur commerce international en grande partie assis sur un dumping fiscal. Depuis 2008, la dette publique a augmenté de 13%, le chômage a progressé et se retrouve à 14% de la population active entraînant une émigration forcée. Les salaires ont dû être réduits de 15% avec un moratoire sur le recrutement public. Malgré cela l’opinion publique reste assez calme, prête à souffrir à court terme si un mieux est possible.

La révolution se passera dans les urnes.

En Europe, il y a 3 défis à relever :
– une crise de solvabilité (Grèce, Portugal, Irlande)
– une crise de liquidité (Espagne, Italie)
– un déclassement possible de certains pays dans leur pouvoir de rembourser (France, Belgique)

Pour régler ces problèmes, un cadre de résolution doit être pris rapidement.

Il vaut mieux aller vers une finalité avec difficulté plutôt que d’affronter des difficultés sans finalité.

 

Francesco Rutelli, sénateur,ancienmairedeRome

Le centre politique est différent dans chaque pays. Ce doit être le choix décisif, à condition qu’il ne s’agisse pas d’un choix mou d’immobilisme.

Le populisme ne peut résoudre la crise. Or, c’est ce que deviennent la droite et la gauche. Il faut réconcilier et reconstruire pour faire face à la crise, séduire les peuples avec un langage de vérité et une perspective d’avenir réaliste. La position centrale empêche aux radicalités de prendre tout l’espace.

Les Allemands ont été capables de faire un gouvernement d’union nationale. Un renforcement des partis démocrates préparera la sortie de la crise. Il faut construire pour éviter l’enfer. Or, l’Europe n’est pas construite pour emmener son peuple au paradis.

C’est une union monétaire sans être une union économique. Il faut donc un centre fort et courageux pour entraîner l’Europe.

 

Guy Verhofstadt, présidentdugroupeADLEauParlementeuropéen

Il faut maintenant créer les Etats-Unis d’Europe. Les Chefs d’Etats sont incapables de gérer l’Europe, il se rajoute une crise de l’intergouvernementalisme. Ainsi, il y a une monnaie unique et 17 marchés obligataires. La faiblesse européenne vient d’une crise de clivage entre le Nord et le Sud en l’absence d’une stratégie commune.

Il est indispensable de créer une union économique, fiscale et budgétaire. Actuellement, les marchés nous aident (a contrario) ; si rien ne bouge, chaque pays aura des difficultés, chacun à leur tour. Il faut donc créer un marché obligataire unique, géré par un gouvernement économique situé à l’intérieur de la Commission Européenne. Il faut un plan global pour sortir de la crise avec si  nécessaire un changement de traité. Nos leaders politiques Européens sont incapables de gérer la crise car ils se réfugient dans le populisme.

Ainsi, éjecter la Grèce est une erreur, car on est dans une team et il faut se battre pour l’âme européenne sur une base fédérale et humaniste.

 

Crédit photo : Soazig de la Moissonnière

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