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Faut-il nationaliser les banques ?

La bloggeuse Marie-Anne Kraft se prononce sur la question qui se pose actuellement de savoir si l’Etat doit reprendre en main les banques en difficulté.

Avec l’aggravation de la crise des dettes souveraines, notamment de la dette grecque avec l’éventualité d’une faillite grecque, l’hypothèse de nationalisations bancaires en Europe et surtout en France est de plus en plus évoquée[1], allant donc au-delà d’une recapitalisation qui ferait appel au marché.

La gauche de la gauche, prône les nationalisations bancaires afin de ne plus permettre la spéculation et les rémunérations excessives, mais elle se garde bien de dire que cette solution reviendrait à nouveau à faire payer le contribuable :

1- pour racheter les parts de capital, même si le cours a fortement baissé. A moins que ce soit à l’euro symbolique si la banque fait faillite (au point que Frédéric Lordon souhaite la faillite des banques, ce qui est vraiment irresponsable), mais alors ceci signifierait que l’Etat va subir les pertes attendues pour cette banque ;

2- faire prendre au contribuable les risques de pertes futures. On a vu ce que cela a donné avec le Crédit Lyonnais (100 milliards de Francs, soit 15 milliards d’euros de perte ;

3- la gestion nationalisée n’est pas meilleure au vu de l’expérience. Le gouvernement Bérégovoy avait incité et même forcé le Crédit Lyonnais à des investissements de soutien, dans les collectivités locales pour faire plaisir aux élus, dans la sidérurgie pour préserver des emplois qui en fin de compte a été en faillite, dans les affaires de Bernard Tapie avec la SDBO,…

4- une entrée au capital par l’état ne signifie pas pour lui être majoritaire. Une part de 20% permet de faire entrer un actionnaire au Conseil d’Administration  mais pas de peser assez pour les décisions.

Quant à la « mise sous tutelle » des banques par Arnaud Montebourg, sans nationalisation, qu’il nous explique comment il fait au vu de la loi des sociétés. La seule façon de peser est d’avoir une part au capital, majoritaire même pour l’emporter.

Il y a d’autres façon de limiter la spéculation pour compte propre (comme l’a fait Obama avec la loi Dodd Franck), la séparation des banques d’affaires et de dépôts, soustraire la dette souveraine du diktat des marchés et des agences de notation en internalisant son investissement comme au Japon avec le placement des compte d’épargne postaux en bons du trésor, la taxation des rémunérations des bonus, l’interdiction des paradis fiscaux …

Conclusion en forme d’humour : D’où le paradoxe de la liquidité bancaire : « Moins les banques sont liquides, moins elles sont solides » !


[1] Voir cet article de Mediapart daté du 12 septembre 2011 : http://www.mediapart.fr/journal/economie/100911/et-si-nationalisait-les-banques

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Marie-Anne Kraft
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Posté par Delbart Nicolas, le 13 septembre, 2011 à 13:40

Je ne trouve pas de sources ou Frédéric Lordon aurai déclaré être pour la faillite des banques, pouvez-vous m’éclairer.
cordialement.

Posté par FrédéricLN, le 18 septembre, 2011 à 13:56

Bonjour, ces arguments ne me semblent pas très convaincants.

1 et 2) C’est précisément si la valeur des banques devient nulle qu’il faudrait, à mon avis, les nationaliser. La question qui se pose alors est celle de leurs pertes suivantes : comment les faire supporter, non au contribuable, mais à leurs propres créanciers (comme pour une faillite) ? Nationalisation ne signifie pas, à mon avis, que la banque bénéficie de la garantie de l’Etat pour ses propres emprunts ; simplement que l’Etat prend la place de l’actionnaire.

3) Oui, les banques nationalisées sont, sur le long terme, des échecs constants, tant est grande la pression pour financer les investissements foireux de personnes proches du pouvoir politique. Mais à court terme, où est le plus grand danger, la plus grande gabegie ? La distribution massive de dividendes, par des banques au bilan pourri, n’est-elle pas un coulage plus rapide et plus grave que celui que vous craignez d’une nationalisation ?

4) Là-dessus on est d’accord. Cette idée de prise de participation avait peut-être un sens en 2008, pour peser dans le sens de comportements plus « long-termistes » dans une gestion encore privée ; elle ne suffirait plus aujourd’hui.