Les Démocrates

Démocrates de tout le pays, unissez-vous sur ce média social !

Participez !
Rejoignez la campagne
 
 

Le syndrome du « J’aurais voulu être un artiste »

Pour beaucoup, être sous les feux des lumières des projecteurs est un rêve.

La télé, miroir aux alouettes, nourrit le fantasme Star Academy, Pop Star… On veut réussir vite, être reconnu dans la rue, devenir quelqu’un, marquer son époque, montrer à la vie qu’un jour elle sera fière de nous. Dans les quartiers populaires cette soif de starification est encore plus marquée.

Sûrement une revanche qu’on veut prendre sur l’existence qui jusqu’ici n’a pas été très généreuse. Les banlieues deviennent un vivier important de talents pour certaines disciplines artistiques. L’inspiration « underground » qui a traversé l’Atlantique y est pour beaucoup. Elle a permis à cette jeunesse de s’émanciper et de créer son propre style.

Ici les jeunes cherchent à percer dans le hip hop ou le R’n’B. L’objectif de réussite est limité car les ambitions sont freinées par la réalité de la vie. Pourquoi ne peut-on pas devenir médecin, architecte ou comédien sous prétexte de vivre en banlieue ?

Le système nous rappelle les dures lois de l’accession à la respectabilité. Là où certains vont réussir, combien vont se casser les dents sur les marches de la gloire ? Toute autre forme d’art est quasiment inexistante.

Je me suis toujours passionné pour les arts, quels qu’ils soient. Cet amour remonte à plusieurs années, mais celui que je préfère plus que tout est le théâtre. Cet art lyrique où tout individu peut jouer un rôle de composition. Je refuse catégoriquement que la scission se fasse aux portes du périphérique, que le rap soit réservé aux seules banlieues et que le théâtre soit destiné aux parisiens.

Même si le rap est un genre musical honorable, au même titre que le jazz ou le rock, il n’en est pas moins vrai qu’il soit l’hymne de la banlieue et Snoop Dogg son ministre.

Nous constatons que le vocabulaire de nos chères têtes blondes et brunes peut être très limité. A l’écoute de certains, Victor Hugo se retournerait dans sa tombe !

Mais quelle meilleure arme que la maîtrise de notre langue ?

Aujourd’hui la culture est réservée à une certaine élite, on peut qualifier cela de racisme social. Apprendre devient un luxe, car quand on est smicard cela coûte cher d’emmener ses enfants au musée ou de leur faire voir une exposition. Notre pays au lieu de dépenser dans des guerres sans fin qui coûtent des millions devrait privilégier la formation et l’accès à l’art de ses concitoyens.

Quel dommage !

Nous avons la chance de vivre dans un pays riche culturellement avec un passé des plus glorieux, et beaucoup de Français sont mis de coté et restent sur le bord de la route. De plus, beaucoup n’ont même pas connaissance des différents événements artistiques et culturels organisés suite à un manque de communication. Parfois ils s’en désintéressent car ils ont d’autres priorités : boucler les fins de mois, payer le loyer, « aura-t-on assez d’ argent pour faire les courses et les fournitures scolaires des enfants ? »

Je ne veux pas faire de misérabilisme, mais malheureusement c’est une réalité qui touche les classes populaires.

Pourquoi rester constamment dans le registre de la victimisation et se limiter de façon collective à l’art de rue ? Les maisons de quartier, avec des budgets réduits, essaient avec beaucoup de difficulté de faire ce qu’elles peuvent. Mais pourquoi ont-elles toutes la même politique, j entends par là un studio d’enregistrement ou une salle de boxe ?

De mémoire, je n’ai pas le souvenir d’une sortie au musée ou au théâtre, et croyez-moi je n’ai pas Alzheimer.

Mon vieil ami Samuel, musicien dans l’âme, est un créateur. Après un parcours scolaire chaotique, car la vie ne l’a pas gâté, et une situation familiale des plus complexes, car seule sa mère jouait le rôle de chef d’orchestre du foyer, il se donne comme objectif ambitieux de briller sous les lumières. Les États-Unis sont en matière musicale le top comme il dit, mais la concurrence est rude et n’est pas RUN-D.M.C qui veut. Avec ses amis, il arpente Paris dans les années 90. Le rap est à son apogée, mais se faire une place n’est pas facile.

Les années ont passé, Samuel a grandi, et ses illusions ont disparu. Aujourd’hui il sait que pour réussir savoir s’exprimer est un atout. Nous discutons souvent, et un jour je lui explique qu’il y a autant de façons de s’exprimer artistiquement que de notes de musique. Je lui parle du théâtre, des grands auteurs, lui donne envie de se faire une place dans notre société. Je lui apprends à s’interroger sur soi-même et sur le monde qui nous entoure.

Inscrit depuis quelques années maintenant aux cours de théâtre de notre ville, il a pu à force de persévérance jouer dans plusieurs pièces différentes. Il m’a invité à sa première représentation il y a quelques mois. Accompagné de mon épouse et d’un groupe d’amis, nous avons découvert un nouvel homme qui animait son rôle avec un tel talent, que j’en oubliais les projecteurs autour de nous. Il était tout simplement époustouflant !

Je découvrais un nouvel homme plein de ressources, étant à l’aise dans son nouvel uniforme. Aujourd’hui il parcourt la France en quête de succès, enchaînant castings et rencontres artistiques.

Il se découvre dans son nouveau costume, celui de comédien, celui-ci lui va si bien !

Retrouvez cet article directement sur le blog de Karim Yahiaoui

Partager sur
  • Partager via Facebook
  • Partager via Google
  • Partager via Twitter
  • Partager via Email
 
Modérateur du réseau
Facebook Twitter
 

Les commentaires sont fermés !