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Recherche appartement désespérément

Avec la flambée du prix de l’immobilier, il devient difficile de se loger en banlieue. Les demandes se multiplient et les listes d’attente s’allongent au fil des mois.

Dans ma ville, il y a plus de 900 dossiers de demande de logements en attente et les gens désespèrent.

Pour certain je suis devenu l’agent immobilier, capable de répondre à toutes les sollicitations. Etant jeune, issu de la diversité, l’approche se fait plus aisément, dans cette ville qui compte plus de plus de 60% de logements sociaux.

Tous mes concitoyens rêvent de s’installer dans un endroit plus agréable, un cadre de vie verdoyant, où leurs enfants rejoindraient les meilleurs écoles. Le chômage rode ici plus qu’ailleurs. Partir devient une utopie. Et déménager pour un appartement plus grand, reste un rêve quand on sait que certains en ont fait la demande depuis plus de 10 ans.

Ici, une seule réalité : celle des tours de béton des années 60-70 qui vieillissent sans lifting, construites à la hâte pour accueillir l’immigration massive en provenance du Maghreb et d’Afrique. Difficile de prendre son envol dans la vie.

Ma mission est de suivre les dossiers logements, un vrai sacerdoce. Je dois apporter conseil et soutien administratif à mes concitoyens, dont la maîtrise du français reste un souci majeur. A croire que je finirai interprète à la préfecture !

Une montagne de dossiers en attente s’empile. Un jour le Mont-Blanc perdra son titre de plus haut sommet d’Europe ! Peu trouvent leur bonheur, de quoi déprimer davantage. On m’interpelle quotidiennement, chacun explique ses problèmes. Il faut avoir les nerfs solides et éviter d’être trop sensible. Avec l’expérience, j’ai réussi à contourner les obstacles, à privilégier les cas les plus désespérés et à m’adapter aux différentes populations.

Ce qui me chagrine le plus, c’est de voir que les enfants reproduisent le schéma de leurs parents arrivés en France voilà plus de 40 ans. Il serait judicieux d’avoir une politique du logement plus ouverte, plus transparente et moins restrictive dans ses modes d’attribution.

L’hiver dernier, contacté par un habitant, je me rends vers vingt heures à son domicile. Immeuble vétuste, le hall d’entrée est couvert de graffitis, il reste peu de place pour en dessiner de nouveaux. L’ascenseur est en panne et j’arrive essoufflé au cinquième étage où il m’accueille devant sa porte.

Je suis invité avec un large sourire à rentrer dans l’appartement. Cette famille de cinq personnes est entassée dans une seule pièce qui, d’après moi, ne dépasse pas les trente mètres carrés. Deux lits superposés sont collés le long du mur. Les enfants, dont le plus vieux doit avoir dix ans, ont reçu l’ordre de rester assis sur leurs matelas, pour ne pas déranger « le monsieur de la mairie ».

Ils ont les yeux rivés sur un poste de télé ancien et volumineux, qui grignote au moins un mètre carré de la précieuse superficie, mais qui représente certainement un des rares loisirs de la famille. J’aimerais avoir le talent de Zola pour retranscrire ici, l’émotion ressentie.

Ce père de famille qui reste accueillant, souriant et qui semble résigné, me bouleverse. Il semble accepter depuis des années des conditions de vie que je ne supporterais pas plus de trois jours. Même la décoration est touchante. On sent que sa femme, avec des moyens modestes, a fait de son mieux pour rendre son intérieur coquet.

Je l’aide à remplir les papiers. Il n’a pas trouvé le temps d’apprendre à écrire le français, je ne lui jette pas la pierre. Après huit heures par jour passées à l’usine et avec des conditions de vie aussi précaires, il reste peu de temps pour l’apprentissage de notre chère langue .

Je finis mon verre de jus d’orange et jette un oeil aux enfants. Comment réussir à l’école ? Impossible avec une telle promiscuité ! Je quitte la famille, le coeur en peine, et un peu révolté même si je n’en laisse rien paraitre. Dehors le temps est gris, gris comme les immeubles, gris comme leur avenir.

Retrouvez cet article directement sur le blog de Karim Yahiaoui en cliquant ici

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