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Think tanks de candidats, mode d’emploi

Citant Mediapart, Art Goldhammer remarque que chaque présidentiable a constitué son petit think tank perso. Occasion d’esquisser un portrait de ces think tanks tels que je les devine (ne les ayant pas rencontrés).

Les médias français ont repris le terme américain think tank — qui désigne un organisme d’études et de conseil, spécialisé sur le service public et la décision politique — pour désigner des réseaux flous d’intellectuels — généralement des fonctionnaires passés par l’ENA ou Sciences Po. Réseaux qui se réunissent rarement, et qui produisent, au mieux, des dissertations scolaires rédigées en solitaire par l’un de leurs membres.

Un candidat, chevalier à l’aventure ou seigneur féodal entouré de vassaux, trouve dans un tel think tank l’impression d’être soutenu par « le deuxième ordre », « les gardiens du temple », l’Église républicaine, détentrice du savoir d’État.

Il ne reste plus au candidat qu’à remporter le vote du « Tiers-État ».

Évidemment, le Tiers-État fait autour de 96% de la population, ce qui pèse lourd. Mais du point de vue des politiciens, le Tiers-État regarde la télé. À défaut de pouvoir gagner son soutien en direct, il suffit de séduire les journalistes.

Bon, mais si on peut remporter le vote du Tiers-État, à quoi servent les deux premiers ordres ?

Pour le système féodal, c’est évident : c’est son soutien qui permet d’être désigné comme LE candidat de l’un des deux partis qui partagent le pouvoir, PS et UMP.

Mais le deuxième ordre, les clercs, à quoi sert son soutien ?

À vrai dire, les politiciens n’aiment guère les clercs : ils parlent trop. S’ils mettent en avant leurs propres idées, et même leur « programme », le premier bug qui y serait repéré affaiblira la position du candidat (et souvenez-vous : il ne s’agit que de dissertations rédigées par des amateurs de la politique. Il n’y a eu aucun processus de test ou de validation digne de ce nom). Donc, le souhait n°1 du candidat est que son réseau garde le silence.

On le gérera comme une troupe de réserve, à mobiliser si le candidat gagne l’élection — parce que là, il aura franchement besoin de clercs, de spécialistes de la science administrative, d’un réseau au coeur de l’État.

Pendant la campagne, la réserve sert de force de dissuasion, grâce à sa supériorité intellectuelle sur les journalistes. Si un journaliste ose franchir la ligne jaune entre la lutte pour le pouvoir et les politiques réelles, s’il se permet de critiquer violemment les propositions politiques d’un candidat, alors ce candidat sera bien heureux de pouvoir compter sur un intellectuel à envoyer au front, face caméras.

L’ordre de mission de l’intellectuel sera de critiquer plus violemment encore les propositions de l’adversaire sur les mêmes sujets ; et dans la foulée, de vanter… non pas, bien sûr, les idées approximatives de son propre candidat… mais la volonté et le courage de ce candidat qui a ouvert le débat sur ce sujet essentiel pour les Français… alors que, chacun peut le constater, le parti adverse a une lourde responsabilité dans la situation actuelle… et que ce qu’il propose reste hélas dans la continuité de ses échecs passés.

La petite difficulté pratique pour l’équipe du candidat, c’est d’éviter des mouvements de mauvaise humeur, de vexation ou d’ennui, chez ces intellectuels qui ne produisent rien d’utile, n’apparaissent généralement pas sur la scène, ne reçoivent aucun retour consistant du candidat, ne se voient fixer aucune mission réaliste. Je suppose que les restaurants parisiens sont une ressource indispensable, du moins pour les intellectuels sans lunettes noires.

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