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Maxime Brunerie, une fumée brune sans feu orange

Le MoDem a bien fait de refuser l’adhésion de Maxime Brunerie, le jeune homme qui avait tenté de tuer Jacques Chirac en 2002.

Fin juillet, c’est généralement la saison des marronniers. En tous cas dans la presse. La canicule ou à l’inverse l’absence inquiétante de soleil pour les affaires touristiques, les bouchons et le fameux chassé-croisé des juillettistes et des aoûtiens…

Tout juste l’actualité sportive vient épicer le tout, avec les grands championnats d’athlétisme et de natation, les Europe les années paires de disette, les Mondiaux en années impaires et les JO les années bissextiles.

Sauf que 2011 ne sera pas une année comme une autre. Non seulement l’affaire DSK suit son cours de l’autre côté de l’Atlantique avec un rebondissement par semaine, juste de quoi ne jamais faire refroidir le plat. Mais surtout la présidentielle 2012 pointe déjà le bout de son nez, encore plus que les fois précédentes.

La faute à une primaire socialiste qui se complait à plagier les meilleurs scénarii de Dallas (le « Plus belle la vie » américain des années 80 pour nos lecteurs les plus jeunes…). La faute à un sortant assez pâlot dans ses courbes de sondages. La faute à un Front National à la flamme plus ravivée que jamais. La faute enfin à une élection qui dans un contexte international tendu, entre les révolutions arabes, la crise de l’Euro et les délires démoniaques des intégristes en tous genres (qu’ils soient de Norvège ou du Maroc), s’annonce plus ouverte que jamais.

Sauf que nos hommes politiques sont assez las. Et sont souvent en vacances. Aussi, dans ce petit creux qui s’installe, il faut se mettre quelque chose sous la dent. Cette semaine les médias ont donc fait dans les morceaux les moins charnus, qu’il faut cuire assez longuement pour ne pas déplaire au palais et pour rassasier des appétits peu exigeants en qualité. En ressortant une actualité du 12 juillet, passée relativement discrète, certains ont même fait dans l’assiette creuse. Rangez vos belles porcelaines, les crèmes seront pour la rentrée. Place au brouet.

Lâchons enfin le morceau : Brunerie, l’homme qui a tiré sur Jacques Chirac, veut adhérer au MoDem !

Franchement, à la lecture des dépêches qui sont tombées, il était difficile de ne pas croire à une blague. Mais comme il est assez rare de faire griller un poisson d’avril en pleine saison des pêches et des abricots, il fallut se résoudre à prendre pour argent comptant cette information.

Le jeune homme, qui vient de publier en mai dernier, un livre autobiographique dont le titre montre sa place dans l’Histoire de France, « Confessions de l’homme qui voulait tuer Chirac », confesse d’abord à France Info les raisons de sa volonté d’adhérer au MoDem, non sans barbarisme : « Le seul candidat qui est vraiment pour l’Europe et les Européens que j’ai trouvé, c’est François Bayrou. Alors, je ne dis pas que c’est le meilleur mais pour moi, c’est le moins pire ».

L’homme qui n’a entre temps pas perdu le sens de l’humour déclare : « Je dirais que j’ai un faible pour les causes perdues »… On a connue adhésion plus enthousiaste…

Alors bien évidemment on peut changer. Même quand on a usé ses fonds de pantalon sur les bancs de l’extrême droite. Après tout demandez à Patrick DevedjianAlain MadelinHervé Novelli,Claude Goasguen ou Gérard Longuet, qui ont tous obtenus des portefeuilles ministériels bien après avoir rejoint les rangs du groupe activiste d’extrême-droite Occident, si cela a nui à leurs carrières respectives…

Mais tout de même, Monsieur Brunerie ne s’est pas contenté de militer dans des mouvances d’extrême droite, qui plus est néonazis… Il a tout de même tenté d’assassiner le Président de la République ! On peut dès lors estimer que certains actes peuvent vous discréditer si vous voulez persister dans la voix militante…

Et ses récentes déclarations n’ont rien de rassurant, puisqu’à France Info, il déclare sans rire cette fois : « Marine Le Pen, c’est une souverainiste frileuse, c’est rédhibitoire ». Et comme elle est souverainiste frileuse, il se tourne vers le plus europhile de tous les hommes politiques de France… Logique, non ?

La réponse du MoDem

Devant une telle instabilité, la réaction de la direction du MoDem n’a évidemment rien de surprenant : ce sera un refus catégorique. « Les déséquilibrés n’ont pas de place chez nous », réplique François Bayrou sur RMC, jeudi matin.

Ce à quoi, Marc Fesneau, secrétaire général du MoDem ajoute : « Maxime Brunerie dit vouloir s’engager en politique alors qu’il disait le contraire quand son livre autobiographique est sorti. Je ne vois pas bien la cohérence. Certes on pourrait dire que la justice est passée mais il y a un problème de parcours. Il a quand même fait part de son intérêt pour le MoDem dans une interview sur France Inter où il était sollicité pour donner son avis sur le tueur norvégien en tant qu’ex-candidat à l’assassinat de Jacques Chirac ».

Étrangement pourtant certains se sont émus de ce refus. Je ne parle pas bien évidemment des persifleurs qui ont tenu à déverser leur fiel sur l’affaire et qui ne méritent pas de reprise ici. Mais de ceux qui ont voulu faire de cette « affaire » un prétexte pour évoquer la difficulté de se réinsérer quand on est ancien détenu.

Europe 1 s’en est fait l’écho en donnant notamment la parole à Jean-Marie Faucher, directeur général de l’Arapej, une association consacrée à la réinsertion des détenus. Ce dernier estime que les déclarations de François Bayrou « jettent l’opprobre sur les personnes étant dans un effort de réinsertion, qui ne sont pas forcément déséquilibrées ».

Mais quand François Bayrou a-t-il suggéré que les anciens détenus qui tentaient de se réinsérer étaient déséquilibrés ? Encore une fois, il est parfaitement gênant de voir qu’au lieu de noter le contresens manifeste fait par cet homme, le journaliste ait cru bon de le laisser dire, sans intervenir, pour mieux rebondir sur « la question de la réinsertion des anciens détenus [qui devient] particulièrement complexe quand ceux-ci ont été sous le feu des projecteurs ».

Étonnant parti pris d’une affaire qui n’en est pas une

D’une part, le président du MoDem a estimé que seul Maxime Brunerie était un déséquilibré, ce qui peut parfaitement se comprendre, entre sa tentative d’attentat, et les nombreuses contradictions qui parsèment sa glose. Vous me direz, on ne peut pas être dans la pensée de tous les militants politiques et nul doute que s’en terrent certains tout aussi farfelus voire inquiétants. C’est vrai mais jusqu’à preuve du contraire, aucun d’entre eux n’a attenté à la vie d’un chef d’état (mais si vous en connaissiez, n’hésitez pas à transmettre à la rédaction du Nouvel Obs !).

Le journaliste d’Europe 1 compare ensuite la position de Maxime Brunerie à celle de Jean-Marc Rouillan d’Action directe en citant Olivier Besancenot qui disait dans l’Express : « Le passé est le passé. Jean-Marc Rouillan a purgé sa peine de prison. La question, c’est de savoir si un homme qui a purgé sa peine a le droit de s’engager en politique. Ma réponse est oui ». Comparaison n’est pas raison, et le jugement de Besancenot peut difficilement s’appliquer à tous les anciens détenus.

Enfin, concernant la réinsertion, Jean-Marie Faucher ajoute : « si ces personnes qu’ils appellent ‘déséquilibrées’ n’ont pas leur place au MoDem ou ailleurs, qu’en fait-on ? On les met toutes dans un bateau ? Que proposent les hommes et les femmes politiques ? ». Encore une fois, il y a méprise. Terrible méprise même. Depuis quand les partis politiques ont-ils vocation à réhabiliter les anciens détenus ? Il ne s’agit pas de donner sa chance en offrant un emploi par exemple. Mais bel et bien de militer pour des idées politiques.

Cela n’empêche évidemment pas les hommes politiques de se poser des questions légitimes sur la manière de réinsérer les personnes qui ont purgé leurs peines. Mais quand les motifs qui les ont placés sur le ban de la société s’inscrivent dans des idéologies anti-républicaines et qu’il y a eu passage à l’acte, alors sans doute faut-il leur demander de vivre une simple vie de citoyen, à l’abri de la lumière du militantisme politique.

Parce qu’il faut bien faire ici la différence entre droits civiques et association. Maxime Brunerie a purgé sa peine et il a parfaitement le droit de soutenir le candidat de son choix pour la présidentielle de 2012. Pour autant, le principe d’une association est de regrouper des personnes qui partagent des valeurs communes. L’association agrée les membres qui souhaitent la rejoindre. C’est juridique. Il n’est pas question de faire obstacle à ses droits civiques, mais juste de s’autoriser le doit de refuser dans ses rangs un homme qui a un jour tiré sur le Président de la République.

Certains partis sont sans doute moins regardant sur le passé nauséabond de leurs adhérents, voire sur leur présent associatif. Mais on ne peut pas, d’un côté, tirer à juste titre à boulets rouges sur ceux qui laissent se présenter en leur nom des individus pratiquant le salut nazi et de l’autre s’offusquer qu’un parti démocratique fasse le choix de refuser un homme qui a montré la dangerosité de l’idéologie pour laquelle il s’est battue.

Mais s’il avait radicalement changé ?, tenterait celui qui comme Saint Thomas ne veut croire que ce qu’il voit… Il pourra alors lire. Et ainsi voir la biographie de Brunerie comme un témoignage. Peu rassurant en réalité comme le montrent Alexandre et Timothée Macé Dubois qui ont lu le livre et qui nous en livrent des pans : « Ce qu’on a vu de plus dangereux ces dernières années, c’est Youssouf Fofana, qui n’était membre ni du GUD, ni du FN, ni du PNFE. Le reste, c’est de l’antisémitisme de comptoir. On ne se sent pas en insécurité dans le RER le soir car il y a des fachos »… Personnellement, si!

« Si tu dis à quelqu’un que tu es anarchiste, on va te répondre “Ah, c’est sympa”. Si tu dis que tu es communiste, on te dira “Moi aussi quand j’étais jeune, je voulais un monde plus juste” (…) Si tu es rasta, on te conseillera de faire attention à ta santé. En revanche, devant un nationaliste, les réactions seront différentes. À mes yeux, le vrai anticonformiste ne peut être que facho! ». Comme on le voit ce n’est pas comme si Maxime Brunerie réhabilitait les fachos…

Enfin et sans ambiguïté possible : « Ceux qui ont craché sur ma gueule, si je les croise, ça risque d’être Orange mécanique, sans la musique et le bon goût… ». S’il fallait une preuve de la violence inassouvie dans cette âme en peine…

Reste une question en suspens : pourquoi Maxime Brunerie a-t-il précisément choisi le MoDem, sachant, comme nous l’avons vu, que son choix n’est ni en rapport avec le programme (« Marine Le Pen souverainiste frileuse »), ni avec la personnalité particulière de François Bayrou (« le moins pire »)…

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Posté par JF le démocrate, le 30 juillet, 2011 à 18:13

François Bayrou a peut être été un peu excessif dans son discours (en parlant de « déséquilibré »), mais sur le fond, je ne vois aucun parti politique qui accepterait d’accueillir en son sein quelqu’un qui a tenté d’assassiner un Président de la République. Il m’est d’avis que Maxime Brunerie cherche surtout à se faire de la pub…

Posté par gilco, le 31 juillet, 2011 à 08:58

Bien sur, c’est une évidence, il a tenté d’assasiner Jacques CHIRAC ! je suis d’accord pour juger sa faute, mais
Combien de partis ont ils dans leurs seins des « repris de justice » ? – le plus grave étant ceux qui ont profité des finances publiques sur le dos des « des citoyens d’enbas !), ceux (lagarde) qui a fait juger un « ami » (tapie) en dehors de la justice afin qu’il obtienne 300 ME des caisses de l’état et que l’on fait nommé au FMI (avant d’être jugée, pour remplacer DSK)- le scandale du chef de l’état qui par « caprice » fait avancer la livraison de son avion pour plusieurs dizaines de millions de francs….etc….etc…..
C’est pourquoi, j’ai sur un billet de FRESNEAU, préciser que le MODEM devait faire attention à l’exclusion : à laquelle pour dire trop de vérités, je pourrais être soumis ! si je dis des vérités, je sais qu’elles ne sont pas toutes bonnes pour certains lorsqu’ils se sentent touchés mais, pour moi, toute vérité est bonne à dire.
C’est de la liberté d’expression,
MODEM attention au tribunal arbitraire….

Posté par gilco, le 1 août, 2011 à 14:03

la fumée, quelque soit sa couleur, ENFUMME….
Nous sommes déjà et demain, je ne le dis pas combien nous serons enfummés par les promesses irréalisables et les mensonges….
EGALITE OUI, AUSTERITE NON, et, pourtant ce sera bien ce qu’ils vont nous promettre !