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Je viens de prendre connaissance chez Marianne des dernières notes sur l’école de Brighelli et de Bah? ; Brighelli renvoie à un écrit de l’association Sauvez les Lettres de 2003.
Rien à dire. Ils ont été visionnaires (Sauvez les lettres, je veux dire). Ce qui impressionne quand on considère la chose, c’est qu’on croit régulièrement avoir touché le fond puis on se rend compte que non, on n’a pas fini de repousser les limites.
Il y a trois axes qui devraient guider toute perspective pour l’Éducation Nationale.
a) s’appuyer sur deux piliers : l’excellence et la remédiation.
Les pédagogols et les adeptes du benchmarking, de la compétence et autres conneries ont réussi à flinguer la remédiation en proposant toujours plus de merde et de ludique aux « apprenants ». Mais maintenant, ils rêvent de dégommer aussi l’excellence.
J’ai été stupéfié après la publication des enquêtes PISA qu’il n’y ait personne dans la presse spécialisée pour observer que le niveau de nos meilleurs élèves baissait aussi. Si la France n’était déjà plus capable d’offrir de vraies perspectives aux plus faibles, au moins avait-elle conservé cette qualité d’être capable de former des élites. On aurait pu au moins s’en réjouir, mais cela gêne les pédagogols, tout imprégnés de marxisme qu’ils sont, et les libéraux en peau de lapin parce que tout ce qui n’a pas une utilité immédiate doit être écarté. Or, il se trouve que l’excellence ne se bâtit pas sur l’utile mais au contraire sur le « superflu ». C’est même là sa marque de fabrique. Il me semblait pourtant qu’il y avait dans le libéralisme un idéal de développement personnel, or, quand on examine de près le programme éducatif des libéraux français, c’est à pleurer : du pédagogol dans le texte. La seule chose, c’est qu’ils veulent introduire la concurrence entre les écoles et même dans le recrutement des profs (pas forcément une mauvaise idée, d’ailleurs, ce dernier point : les choses se passeraient bien mieux dans les écoles, collèges et lycées si chefs d’établissement et enseignants se choisissaient les uns les autres). Je lis donc chez eux les mêmes conneries qu’ailleurs.
b) assurer des conditions d’enseignement et d’instruction optimales pour le plus grand nombre.
Ceci suppose un recrutement de qualité pas les contrats à la c… de Châtel et encore moins la masterisation qui est une vaste fumisterie, mais aussi un environnement favorable. L’environnement favorable, c’est dégager des établissements scolaires les éléments qui en empêchent le fonctionnement normal. Il faudra évidemment trouver un parcours adapté pour les dits éléments, allant du centre éducatif à la prison pour mineurs en bonne et due forme avec suivi judiciaire si nécessaire.
c) permettre la diversité et l’innovation sans étranglement par les moyens
Jusqu’à un certain point, les établissements devraient être libres de définir leur pédagogie et même de personnaliser l’enseignement des discplines selon les profils d’élève. Il faudrait d’ailleurs sortir du « tout école ». L’école ne valorise que certaines qualités seulement et abrase tout le reste. Le collège « unique » ne doit donc plus être le lieu exclusif de l’instruction. Les centres d’apprentis les plus performants doivent devenir des labels de qualité, ce qui suppose d’avoir aussi un oeil sur les formateurs. On ne devrait pas pouvoir s’improviser formateur dans un CFA et un tel statut devrait faire l’objet d’un concours spécifique.
Les projets d’établissement sont de la fumisterie en l’état, mais si on laissait une vraie liberté aux établissements, ils pourraient devenir le fer de lance de cette diversité. Cela suppose évidemment de ne pas étrangler les collèges et les lycées en leur retirant des moyens puis de venir la bouche en coeur expliquer à leurs équipes qu’elles sont libres.
La diversité, c’est aussi le maintien d’une grande diversité d’enseignements, à commencer, comme l’observait Sauver les lettres, par l’allemand, le latin et le grec, qui sont les lieux traditionnels de la rigueur de et l’excellence.
J’avais au départ un 4ème axe en tête, mais pas moyen de m’en rappeler. Tant pis, ce sera pour un autre billet. Et puis de toutes façons, je radote largement, je dis à peu près toujours les mêmes choses ici…
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