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Lors de la séance plénière du Conseil Régional d’Aquitaine du 28 juin, un état des lieux a été dressé sur l’état d’avancement des activités contribuant au développement du numérique en région Aquitaine, et mises en œuvre par la Délégation TIC.
Au nom du groupe Forces Aquitaine, j’ai émis des réserves sur ce document.
Sur la forme d’abord, de lecture particulièrement difficile, il fallait un certain courage pour aller au bout des 31 pages du document, et relire certaines phrases plus d’une fois si l’on souhaitait en saisir le sens ! D’autre part, le document restait très général, posant certes des questions de fond, mais ne proposant pas des actions claires, concrètes, et bien délimitées. Enfin, il donnait, comme c’est malheureusement trop souvent le cas, l’impression de parler un peu de tout (on reparle ici de TV7, sujet largement évoqué lors de la même session), et même si le numérique est effectivement pervasif et s’insinue dans tout, notre assemblée régionale a besoin pour se prononcer de délimiter clairement ce qu’elle décide, ce qui en l’état, n’était absolument pas claire.
D’ailleurs, nous n’étions pas certains de savoir ce que l’exécutif attendait de nous en présentant ce document : s’agissait-il d’une simple information, comme annoncée sur la page de garde ? Ou s’agissait-il d’une délibération autorisant le Président à mettre en œuvre les actions énoncées, comme mentionné sur la dernière page ?… Si tel avait été le cas, notre groupe se serait abstenu. En fait, il s’agissait simplement d’un état des lieux.
Sur le fond maintenant, j’ai profité de cette communication pour souligner deux risques majeurs, très importants, qui pèsent sur la cohésion sociale de nos territoires, du fait l’invasion du numérique qui entre partout, et qui est partout sous-jacent. Je veux parler bien sûr de ce que l’on appelle la fracture numérique, mais en soulignant qu’il n’y a pas une fracture, mais deux.
Tout d’abord, la fracture du fait des infrastructures. Le rapport souligne avec justesse que le risque de fracture est beaucoup plus important avec le très haut débit qu’il l’était avec le haut débit. Pourquoi ? Pour deux raisons simples : le coût des infrastructures est tel qu’elles ne seront pas rentables dans les zones à faible densité de population. Le rapport mentionne les analyses faites par les opérateurs qui prévoient leurs investissements en considérant uniquement le critère de rentabilité et qui parlent de 4,7% du territoire, pour 37% de la population. C’est gravissime, car du fait de l’incroyable champ des possibles qu’ouvre le THD, il y aura très rapidement des modes de communication que l’on ne pourra avoir qu’avec le THD, des métiers que l’on ne pourra exercer que si on dispose du THD, plus important encore, des services d’importance vitale, je pense à la e-santé par exemple. Donc cette fracture-là risque d’être mortelle pour les territoires. J’ai bien conscience que ce problème dépasse la région. Cependant, nous devrons le traiter et probablement inventer des modes de financement nouveaux, comme nous avons su le faire pour le TGV. C’est du même ordre d’importance.
La deuxième fracture est celle des usages : elle concerne « davantage les inégalités dans les usages des TIC que celles portant sur les inégalités de connexion. Dans ce cadre, l’accent est mis sur la manière dont les acteurs économiques et sociaux s’approprient et utilisent les TIC pour satisfaire des besoins différents. » (*)
Le rapport évoque les « laissés pour compte » de la révolution numérique. Il cite un chiffre de 20% dont je ne sais pas d’où il vient, mais que je crois très optimiste. Il ne suffit pas d’utiliser internet… Les réponses proposées dans le document traitent des TPE et des PME, des personnes en situation de handicap. Il évoque le laboratoire des usages. C’est bien. Mais je pense simplement aux personnes plus âgées, aux personnes n’ayant financièrement pas accès à la technologie, aux environnements défavorisés d’un point de vue éducatif et social… Il ne sera pas tolérable de partir dans la révolution numérique sans traiter ce sujet en profondeur si nous ne voulons pas accroître les injustices déjà trop grandes dans notre pays, et condamner toute une partie de la population.
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