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Noël avant l’heure

Comme beaucoup de français j’ai assisté impuissante ce week end à une scène digne du degré zéro de la politique.

Je hais la politique des petites phrases et des polémiques qui enflent suite à des bourdes non assumées.

Certes, Eva Joly a dit une énorme bêtise en voulant remplacer le défilé militaire annuel en défilé citoyen (je ne savais pas que les militaires ne devaient pas être comptabilisées comme des citoyens), surtout après le décès de six de nos militaires en Afghanistan. L’émotion était trop forte mercredi et jeudi dernier pour exprimer « à chaud » ce type de proposition incongrue.

C’est bien plus la réaction de notre 1er Ministre à cette proposition (« Cette dame n’a pas une culture très ancienne des valeurs françaises ») ainsi que celle de Lionel Tardy, député UMP de Haute-Savoie (« Il est temps que Madame Joly retourne en Norvège ») qui m’ont fait bondir ! Ces remarques xénophobes pourraient même tomber sous le coup de la loi…Ce n’est pas parce que l’on n’est pas né français ou que l’on a la double nationalité que l’on doit s’interdire toute réflexion, même saugrenue, sur les us et coutumes françaises ! Je suis moi-même née de parents étrangers, et suis devenue française enfant. Dois-je pour autant m’interdire de dire ce que je pense de la chasse ou de la corrida, à Nîmes, devant des fans ?

Mais ce n’est pas ce qui m’a le plus marqué pendant ce week end prolongé du 14 juillet. Outre les traditionnels bals des pompiers, j’ai suivi de loin la passe d’armes par média interposé entre François Hollande et Martine Aubry lors de leur visite au festival d’Avignon.

Madame Aubry propose, devant les acteurs du monde de la culture et en marge du festival, si elle est élue Présidente l’année prochaine, d’augmenter pendant son quinquennat, le budget de la culture de 30 % à 50 %, soit 200 millions ou 250 millions d’euros par an en supprimant l’allègement de l’ISF.

Ce genre de distribution de cadeaux de Noel avant l’heure est non seulement démagogique mais également extrêmement dangereux et irresponsable pour au moins deux raisons. Démagogique car je me demande si devant les représentants du monde judiciaire à la rentrée ou devant les représentants des consulats et ambassades, elle va faire la même promesse.

D’autre part, je trouve cette « surenchère » (mot employé par François Hollande… moi j’emploie l’expression de cadeaux de Noel) dangereuse et irresponsable, car le pire dans cette histoire, ce sont les acteurs du monde de la culture qui la croient. Loin de moi l’idée de penser que la politique culturelle n’est pas importante, elle est fondamentale (et ceux qui me connaissent bien savent à quel point les arts tels la danse, l’Opéra et la peinture tiennent une place importante dans ma vie). Ce genre de promesse non tenue conduit à une forme de désespérance, de discrédit de la classe politique toute entière et gonfle l’électorat des extrêmes.

Mais surtout, Madame Aubry sait bien que budgétairement elle ne pourra pas le faire, François Hollande lui a pudiquement rappelé. La situation de 1997 n’a rien à voir avec celle de 2011. La France a désormais 1800 milliards d’euros de dette, le 1erbudget est celui du remboursement des intérêts de la dette. Et laisser penser (comme Benoît Hamon le fait régulièrement) que le simple fait de revenir sur les cadeaux et allègements fiscaux adoptés pour les plus fortunés suffira à financer ces mesures est au mieux de la naïveté au pire de l’imposture.

Le programme du parti socialiste est truffé de ce genre de distribution de cadeaux de Noel. Les conclusions de la Convention sur l’Egalité réelle, adoptées en décembre 2010, qui constituent le socle du programme socialiste font froid dans le dos. La plupart des mesures sont extrêmement dépensières pour l’Etat et les Collectivités territoriales : retour à la retraite à 60 ans, scolarisation obligatoire dès 2 ans (je vous laisse imaginer les dépenses engendrées par cette mesure, au 1er abord très séduisante, aussi bien pour l’Etat que pour les collectivités territoriales chargées du périscolaire…), création de 300 000 emplois jeunes (même si les socialistes ne l’appellent plus comme cela), la fin de la règle du non remplacement d’un fonctionnaire sur deux partant à la retraite, etc…

Le Président et le Gouvernement proposent une réforme de la Constitution visant à interdire à l’Etat de présenter un budget en déficit de fonctionnement. C’est bien…mais bien tardif !! François BAYROU le proposait déjà lors de sa campagne de 2007, il s’était fait comme promesse d’aborder à chaque intervention médiatique la question de la dette et des déficits. Je me souviens encore des railleries de mes camarades de l’UMP ou du PS (certains d’ailleurs sont devenus des amis) me disant « mais il ne va quand même pas faire campagne sur ça ! ».

Entre temps, Nicolas Sarkozy est devenu président et la dette a doublé… Certes la crise est passée par là et il n’est pas responsable du laisser aller général depuis le Gouvernement Barre de 1976 (dernier budget voté en équilibre).

Mais demander maintenant aux parlementaires de voter « la Règle d’Or » après :

–          la loi TEPA de 2007 (défiscalisation des heures supplémentaires, fin des droits de succession, etc…) hérésie économique en temps de crise,

–          l’abaissement du taux de TVA dans la restauration (4 milliards d’euros par an) de 2007,

–          les 70 milliards d’euros cachés dans les nombreuses niches fiscales que le Gouvernement n’a pas eu le courage de supprimer,

–          l’allègement de l’ISF (3 milliards d’euros) non compensé par la création d’une tranche supplémentaire d’impôt sur le revenu de 40% à 45 % (comme le propose le Sénateur Jean Arthuis)

Tout ceci entame gravement sa crédibilité en matière de lutte contre les déficits et la résorption de la dette…

Il est temps d’arrêter de raconter des salades aux français et de tenir un discours de vérité sur les faibles marges de manœuvres budgétaires. Pour cela des personnalités lucides sur la situation économique de notre pays doivent travailler ensemble, par delà les étiquettes politiques, pour ne pas vivre ce que vit la Grèce aujourd’hui, une situation de quasi faillite.

Retrouvez cet article directement sur le blog de Sabrina Assayag en cliquant ici

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Posté par oleagineuse, le 25 juillet, 2011 à 14:12

Enorme bêtise, la,proposition d’Eva Joly ? Votre long article commence très mal. Ceci dit, votre analyse de la démagogie politicarde régnante et de la fascisation de l’UMP (bien difficile de distinguer FN et UMP de nos jours) me convient. En fait, parmi tous ces politiciens, deux seulement ne pratiquent pas ce genre d’horreur : Mélenchon et … Eva Joly. Mais Eva Joly, de par son passé de magistrat au pôle financier et d’eurodéputée, est incomparablement plus compétente.

Posté par gilco, le 26 juillet, 2011 à 09:12

OUI à une discours sur l’EGALITE, sociale, fiscale, pénale afin de pouvoir à nouveau, en France parler d’EGALITE, de LIBERTE et de FRATERNITE !
Quant à la double nationalité, OUI MAIS, en cas de candidature à un mandat politique, l’intéressé doit choisir SA NATIONALITE CIVIQUE !!!!
Comment avoir une double nationalité lorsqu’on est élu pour servir la république française. On ne peut pas être et ne pas être !!!!