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Alors comme ça, c’est Éva Joly qui a remporté la primaire écologiste, contrairement à ce qui avait été annoncé.
Bon. C’est fait. Les écologistes ont perdu la Présidentielle. Ils feront un score si mauvais qu’ils devront retourner cirer des pompes socialistes – en imaginant que les socialistes soient en mesure de leur obtenir quoi que ce soit. On sent déjà revenir comme un fumet d’échec électoral, ce 1.57% de Dominique Voynet en 2007, qui doit correspondre plus ou moins au potentiel électoral réel des Verts.
En réalité, si Europe Ecologie a eu de beaux succès, notamment lors de ces fameuses élections européennes, c’est parce que c’était l’un des seuls partis à parler d’Europe avec optimisme (avec l’UMP, hé oui), mais surtout parce que l’alliance était soutenue à bout de bras par Daniel Cohn-Bendit. Je reste convaincu que ce parti n’a réussi que grâce au charisme et à l’aura du député européen. Par son dynamisme, sa spontanéité, son ouverture d’esprit et sa détermination, il a totalement modernisé l’image des écologistes. Tout comme la popularité du parti de Gauche repose en grande partie sur la personnalité de Jean-Luc Mélenchon, et celle du Front National sur celle de Marine Le Pen, ainsi, Daniel Cohn-Bendit a gonflé le score d’Europe Ecologie. Il n’est pas étonnant que son retrait progressif des affaires de ce parti (qui semble même l’avoir déçu, à voir ses dernières réactions) coïncide avec le dégonflement de la « bulle spéculative » qu’avait suscité ce mouvement. De surcroît, il est évident que ses conseils n’ont pas été entendus. Je me souviens de ce meeting où le trublion soixante-huitard incitait, sous les huées de la foule, Europe Ecologie à s’ouvrir à toutes les bonnes volontés, et à aller chercher les électeurs là où ils sont (c’est-à-dire plus au centre). En préférant Joly à Hulot, ils ont fait le choix du repli sur soi. Un choix qui leur sera sans doute fatal.
La campagne de cette primaire écolo a fait ressurgir les vieux spectres de la division des écolo français. On se souvient aisément des scènes truculentes qui ont rythmé le show ubuesque de Stéphane Lhomme réclamant la même place privilégiée que ses concurrents Joly et Hulot, auprès d’une Cécile Duflot agacée. Ne parlons pas du quatrième candidat, et de son inoubliable cravate en bois (même matière que la langue d’un écolo traditionnellement). Et que dire des échanges acerbes entre les deux principaux prétendants à l’investiture écolo ? Voilà au passage qui laisse entrevoir le chaos insondable de la future primaire socialiste, qui sera drôle, très drôle, sans nul doute, surtout pour les non-socialistes.
Soyons sérieux un instant. Qui s’imagine que Joly puisse avoir la carrure et le charisme d’une présidentiable, en-dehors de ses fans inconditionnels ? Il ne suffit pas d’arborer des lunettes rouges comme un accessoire de campagne (ce qui frise la culte de la personnalité) et de s’afficher en parangon de vertu venant du froid pour gagner. Les Français ont horreur des donneurs de leçon. Ils seront vite lassés d’entendre Joly déclamer sentencieusement des grands mots insipides. Cassante (bon, pas autant que Martine), clivante (bon, pas autant que Ségolène), démagogique (bon, pas autant qu’Arnaud), insipide (bon, pas autant que François Hollande), Joly semble pouvoir réunir toutes les tares des candidats socialistes, en une seule personne. Alors certes, Hulot était criticable, pour son rapport avec de grandes firmes commerciales (tiens, on vient de réaliser qu’il faut du fric pour faire de beaux films en hélicoptère), ses shampoings, et son ralliement récent à l’écologie politique, mais d’un point de vue strictement politique, il aurait eu de bien meilleures chances de réussite, en raison de son charisme, de sa personnalité atypique, du fait qu’il apparaisse comme extérieur au « système » et qu’il puisse, de par son positionnement, transcender les clivages partisans, et rassembler plus largement d’éventuels indécis tentés par de nouvelles expériences (c’est SUPER sympa la décroissance, vous devriez essayer).
Je préviens immédiatement que je n’ai rien contre la double nationalité, et que je trouve le débat à ce sujet totalement inutile (pas choquant : on peut parler de tout, débattre de tout, mais inutile à mon avis). Ce qui compte, ce n’est pas de faire un choix purement formel pour une nationalité, pour faire joli (ahem) sur la paperasse. Ce qui compte, c’est d’être fier d’une identité, ou de se sentir fier d’un pays, d’une nation, d’un peuple. On peut être Français et oublier totalement toute forme de respect pour la France, comme ne pas avoir cette nationalité, et éprouver un grand respect et une forme de patriotisme à l’égard de la France. Dans cette affaire, privilégions le fond sur la forme. Néanmoins, le fait qu’Éva Joly soit franco-norvégienne va peser lourdement sur sa campagne, surtout dans la mesure où son accent, et certaines de ses hésitations (qui tiennent peut-être plus d’un simple défaut de communication, remarque) viendront sans cesse le rappeler, et brouiller son message. Ça parait sans doute idiot, mais je vois très mal les Français choisir un président ayant un accent étranger beaucoup trop fort pour les représenter.
Joly part donc en campagne avec plein, plein de boulets au pied. Mais si, en outre, elle multiplie les erreurs de communication, et les déclarations intempestives (et je ne parle même pas, ici, du ton abrupt et prétentieux qu’elle pourrait adopter face aux autres candidats), comme à l’occasion de la Fête Nationale, elle est foutue. Et les écolo avec eux. Elle propose donc de supprimer le défilé militaire pour le remplacer par un « défilé citoyen, où nous verrions les enfants des écoles, où nous verrions les étudiants, où nous verrions aussi les seniors défiler dans le bonheur d’être ensemble, de fêter les valeurs qui nous réunissent ».
… Bienvenue chez les démagogues ! J’ai toujours trouvé l’anti-militarisme ridicule, mais je crois qu’on a atteint un sommet dans cette affaire. Où est le problème ? Pourquoi aurions-nous honte de voir défiler nos forces armées ? J’en ressens même une certaine fierté. Cette force n’est pas négative, il n’y a pas à en avoir honte ! Au contraire ! Elle est la garante de notre civilisation ! De nos valeurs ! Comprenons-nous bien : dans l’Histoire, aucune nation n’a jamais été victime d’une agression extérieure pour avoir une armée trop puissante, et c’est plutôt l’inverse qui s’est produit (je vous renvoie à ce sujet à la lecture de l’excellent Journal politique 1936-1939 de Winston Churchill). De surcroît, la France n’a pas aujourd’hui un profil d’agresseur potentiel. En quoi serions-nous donc une « nation guerrière » ? Au contraire, notre force, comme nous venons de le montrer, est plutôt une garantie de paix qu’un appel belliciste. Si vis pacem, para bellum. Le renoncement à la force armée d’un État est le signe le plus manifeste de sa décadence. Pour ne pas disparaître politiquement, pour exister diplomatiquement, historiquement, pour ne pas disparaître en tant que civilisation puissante influente, l’Europe aura plutôt besoin de renforcer sa puissance militaire, trop longtemps et souvent piétinée, et de franchir enfin le pas vers la défense européenne (l’alliance franco-britannique de défense, outre le magnifique symbole qu’elle implique, me semble être, contrairement à l’avis de beaucoup, un premier pas dans ce sens, mais ce n’est pas le sujet). Elle ne peut pas sans arrêt compter sur les États-Unis ou l’extérieur pour assurer sa défense. Un peu de responsabilité ! L’armée française était plutôt encore en piteux état il y a quelques années (ça va un peu mieux ces temps-ci semble-t-il), quand une grande partie de nos chars Leclerc étaient inutilisables faute de pièces détachées, quand nous étions obligés d’emprunter des hélicoptères de transport à l’Ukraine pour déplacer nos troupes, les nôtres étant inadaptés !
Si Éva Joly est libre de pérorer aujourd’hui, c’est parce que des hommes -et des femmes !- se sont battus au mépris du danger pour défendre un territoire, une patrie, un système de valeurs dont nous avons reçu l’héritage. Encore aujourd’hui, ils assurent notre sécurité sur plusieurs terrains d’opération, voire contribuent à équilibrer certaines régions du monde, en protégeant les ressortissants occidentaux comme les populations locales. Leur rendre hommage une fois par an, en célébrant ce facteur de puissance, cette garantie de notre sécurité, n’est pas superflu ou dépassé. C’est plus que jamais d’actualité. Il faudra un jour que les politiciens (politichiens, et politicons, comme dirait Desproges) choisissent entre la civilisation et l’impuissance, entre l’action et la fuite, entre le progrès et la décadence.
Sans verser dans l’argument ad antiquitatem, la proposition de Joly ne semble pas prendre en considération l’importance d’une tradition républicaine, à laquelle, je pense, sont encore attachés beaucoup de Français. Quant au fait de voir défiler des citoyens lambda sur les Champs-Élysée, comme dirait le Chafouin, n’est-ce pas ce qu’on voit tous les autres jours ? Contrairement à ce qu’on entend comme argument stupide, les défilés militaires ne sont pas une exclusivité française, parmi les pays démocratiques : l’Espagne, la Pologne ou l’Inde ont aussi leurs défilés militaires. Du reste, la très importante affluence qu’a connu le défilé cette année n’est-il pas le signe que Joly a tout simplement perdu une occasion de se taire ? Je n’ai rien contre le fait d’en parler, et elle peut sans problème lancer ce genre de débats (les réactions qui faisaient référence à sa double nationalité étaient en ce sens fortement déplacés), mais ce n’est certainement pas comme ça qu’elle va réussir sa campagne.
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c est la myopie politique qui fait portert les lunettes ROUGES à JOLY. Elle visait une certaine niches electorales qu « elle perdu le peu de credibilitedont elle disposee. je lui conseille d- integrer une ecole de formation politique en prevision des elections 2O17.
Et bien voilà un fort mauvais article, qui répète les lieux communs déjà éculés du genre « En choisissant Joly, les écolos ont choisi le repli sur soi »… alors qu’elle est à EELV depuis à peine 3 ans !
Et un fort mauvais article qui passe la brosse à reluire à Hulot… dans l’espoir de récupérer ses ex-futures électeurs. La ficelle est grosse, et encore plus « boisée » que les cravates d’Henri Stoll, élu de terrain auprès duquel l’auteur aurait beaucoup à apprendre…
@ Stéphane Lhomme
Quand on a fait toute sa campagne contre N. Hulot, il est assez curieux de vouloir à tout prix le conserver chez soi…
Je voudrai faire remarquer à l’auteur de cet article que la tradition républicaine de faire défiler l’armée le jour anniversaire de la prise de la Bastille est un peu une annexion d’une fête nationale qui n’est pas la fête de la victoire et des armées.
De surcroit il ne lui aura pas échappé que le défilé des forces issus de la conscription représentant le peuple servant sous le drapeau et celui de militaires professionnels n’ont pas tout à fait le même sens et ne portent pas la même symbolique même si bien évidemment il n’est pas question de nier le dévouement d’hommes et de femmes qui engagent leur vie pour le pays.
Donc la question posée par Eva Joly est parfaitement légitime, même si on est en droit de ne partager son opinion, il me semble qu’elle mérite débat autrement qu’en montrant du doigt de façon plus ou moins grossière sa double nationalité ainsi que le fait notre premier ministre. La ficelle est un peu grosse.
Mais prenez-le, Hulot, prenez-le ! PMoi je vous l’offre gratos !