Toute l’Europe, le média qui rapproche l’Union des citoyens

Lesdemocrates : En quelques mots, comment est né Toute l’Europe ?

Emilie Louis : En 1993, la Commission européenne et le ministère des Affaires étrangères eurent l’idée de cofonder le Centre d’information sur l’Europe. Cet espace de documentation, basé sous l’Arche de la Défense, était doté d’un portail web qui recensait toutes les démarches à suivre et les programmes européens, et redirigeait les citoyens vers les interlocuteurs adaptés. Il s’agissait davantage d’un gigantesque annuaire que d’un espace d’information objective.

A l’occasion du référendum de 2005, nous nous sommes aperçus qu’il fallait réorienter cette activité. Notre constat : le débat sur le traité constitutionnel avait généré beaucoup de communication sur le web, bien plus d’ailleurs que dans les médias traditionnels, mais avec des argumentaires uniquement en faveur des partisans du non. Un professeur d’économie du sud de la France avait par exemple expliqué son point de vue article par article. Personne avant lui n’avait songé à expliquer le texte ! Il était temps de développer un nouvel espace : Toute l’Europe, site produisant une information neutre qui puisse donner toutes les clés des débats européens aux citoyens, voyait le jour.

Lesdemocrates : Comment se définit votre ligne éditoriale ?

Emilie Louis : Le site en est à sa seconde version. La première se voulait très pédagogique. Aujourd’hui, en complément des fiches pratiques et des infographies, c’est un média à part entière, plongé dans l’actualité, auquel s’ajoute un blog de la rédaction et une présence active sur les réseaux sociaux. Nous tenons à expliquer les débats en cours et sollicitons la participation des internautes, au travers de quizz ou de sondages par exemple.

Bien que nos financements soient pour la plupart gouvernementaux ou européens, nous avons une liberté éditoriale totale, notamment parce que nous nous maintenons dans la neutralité et veillons à avoir un contrepoids en cas d’avis tranché. Nous sommes objectifs, parfois trop, pourrait-on nous reprocher. Notre fonction se veut transpartisane, ni dans un discours gouvernemental ni dans un discours pro-européen, bien que nous soyons à titre personnel tous favorables à la construction européenne. A l’arrivée, nous nous rapprochons de plus en plus de la sphère des médias politiques.

Lesdemocrates : Concrètement, de quelle façon vous organisez-vous au quotidien ?

Emilie Louis : Tous les matins, nous assurons une revue de presse sur un sujet européen au cœur des débats, nous recensons tous les articles de la presse française et étrangère consacrés à l’Europe, et entamons la rédaction d’articles de décryptage. Nous relayons régulièrement les travaux d’analyse et de réflexion des chercheurs et des think-tanks, proposons une carte de la toile européenne… Nous animons aussi un petit débat télévisé depuis Strasbourg, une fois par mois, entre députés européens.

Nous essayons de donner au maximum les points de vue des différentes parties prenantes : les États membres, les institutions européennes, les groupes politiques au Parlement européen. Nous sollicitons très souvent des députés qui viennent exprimer leur point de vue. Mercredi, nous avons lancé à Strasbourg un nouveau projet qui vise justement à mieux faire connaître leur activité. Il s’agit  d’un sous domaine, un site dans le site, un espace avec un url, une arborescence, une identité et une dynamique qui lui sont propres. Il s’appelle le Parlement européen en action.

Lesdemocrates : Le Parlement vous semblait trop éloigné des citoyens ?

Emilie Louis : Disons que nous nous sommes rendus compte que le soufflet sur l’Europe était un peu retombé après la présidence française. Or, le traité de Lisbonne donne davantage de pouvoir au Parlement européen. Nous nous rendions déjà à Strasbourg à chaque séance plénière et  les traitions en détail, sujet par sujet, du congé maternité à la qualité alimentaire, etc. Pour aller plus loin, et grâce à un financement du Parlement européen, nous proposons désormais un espace entièrement dédié à l’activité parlementaire. Nous le faisons vivre quotidiennement, nourri de l’activité des députés européens.

Lesdemocrates : Comment se décompose ce nouveau support ?

Emilie Louis : Il est construit en quatre rubriques. D’un côté, des explications sur le fonctionnement de l’institution, la liste des députés, etc. Ceci de manière interactive et multimédia, avec beaucoup d’infographies et d’animations avec voix off. De l’autre, nous nous intéressons au travail des commissions parlementaires, avec un focus chaque mois sur un rapport, plutôt que de mettre tous les rapports qui restent obscurs sans des explications. Il y a chaque fois un chat avec le rapporteur et un tableau qui permet de suivre l’avancée législative du texte. Troisième rubrique, dédiée aux sessions plénières : depuis Paris et Strasbourg, nous proposons l’ordre du jour, un suivi des débats, relayons les vidéos en streaming produites par le Parlement et éditons un zapping, un peu comme sur Canal +, des meilleurs moments des débats.

Lesdemocrates : Les citoyens ont-ils également la parole ?

Emilie Louis : La dernière rubrique est dédiée aux internautes, elle se veut participative, avec une place pour le chat, pour Facebook et Twitter. Un mur virtuel des internautes permet à chacun de poster facilement des messages texte, photo ou vidéo. C’est un lieu d’échange entre les citoyens et les députés, où nous souhaitons impulser une dynamique de questions/réponses. Le tout est disponible en trois langues : français, anglais et allemand. Au-delà du média, nous permettons donc de plus en plus le débat.