Les Démocrates

Démocrates de tout le pays, unissez-vous sur ce média social !

Participez !
Rejoignez la campagne
 
 

De la corrida et du meurtre animal

La corrida introduite au patrimoine culturel immatériel de la France : est-ce justifiable ?

La corrida a été mise au patrimoine culturel immatériel de la France. Beaucoup de réactions parfois très virulentes des deux cotés ont accueilli cette annonce.

Petite pierre à jeter dans la mare, je voulais donner mon avis sur la question. Je trouve cette pratique profondément immorale car elle compte pour rien le respect du à toute vie.

Je n’ai pas d’argument à la mise au patrimoine. Il s’agit d’une pratique hyper locale, moins de cinq pour cent du territoire, mais le simple fait que des français la considère comme faisant partie de leurs traditions et l’antériorité de la pratique légitime cette inscription.

Cependant, comme le remarquait plaisamment Muriel Marland-Militello députée UMP, ce n’est pas parce que les combats de gladiateur sont une pratique ancestrale qu’il faut continuer à encourager le meurtre dans des arènes.

Car finalement qu’y a-t-il de choquant dans la corrida ? Tous les jours des animaux sont tués dans les abattoirs. Les conditions de mort sont certes beaucoup plus hygiéniques mais je doute que la mort d’un animal même dans ces conditions soit plus jolie à voir.

Mais il faut distinguer la mort donnée par nécessité et la mort donnée par plaisir. Le simple fait de se maintenir en vie implique de devoir tuer. S’il faut vous en convaincre, posez-vous la question de ce qui se passe quand un virus essaye de coloniser votre corps.

Cependant, nous sommes des êtres moraux et il nous incombe de distinguer les cas où la nécessité nous autorise à tuer, pour nous défendre ou nous nourrir, et les cas où cette nécessité n’existe pas. La corrida n’entre pas dans la catégorie des morts données non-nécessaires.

La seule raison qui me pousse à n’en pas demander l’interdiction c’est que cette pratique est en déclin et que l’interdiction risque de lui donner une aura qu’elle ne mérite pas.

Cependant cela ne justifie pas de financer une pratique que la morale réprouve. Et la mise au patrimoine pourrait justement justifier ce financement. C’est simplement inacceptable. Réunir une troupe d’homme pour tourmenter un animal et finalement, après plusieurs minutes de souffrances, le tuer n’est pas précisément ce que j’appellerai une bonne utilisation des fonds publics.

Certes la corrida fait partie de notre histoire, voir du patrimoine culturel de l’humanité, via Picasso, Hemingway et Manet. Que l’art soit capable de la magnifier, n’est ce pas finalement le propre de l’art ? Devrons-nous justifier les répressions des mouvements démocratiques au prétexte des magnifiques peintures de Francisco de Goya ?

Nous devrions laisser la corrida s’éteindre doucement et sans regrets comme une pratique issue d’un passé lointain. Vouloir la protéger, c’est se tromper entre la victime et le bourreau.

 

Partager sur
  • Partager via Facebook
  • Partager via Google
  • Partager via Twitter
  • Partager via Email
 
olivier_anthore
Facebook Twitter
 
Posté par bouat charlène, le 12 mai, 2011 à 18:05

Merci pour cet article. Un formidable élan est en train de naître, en particulier sur les réseaux sociaux. Il me semble que les politiques ne mesurent pas l’importance que les français et plus largement les européens souhaitent accorder au respect de la Vie et à tous ceux qui partagent le monde sensible. J’espère qu’ils sauront l’entendre … et vite !

Posté par olivier_anthore, le 12 mai, 2011 à 21:57

En fait cet article est la suite de plusieurs conversations dont certaines ont eu lieu dans le cadre de mon activité dans mon comité de quartier.

C’est un peu là où on commence à voir la difficulté de vraiment faire comprendre que tout ne peut être accepté en ce qui concerne les animaux. Les regards incrédules quand je préconise d’autres moyens de lutte contre la proliférations des rats que l’empoisonnement en disent long sur le chemin à faire pour toute la société.

Beaucoup comprennent l’opposition à la corrida mais quand on parle de protéger la vie des araignées domestique (ô combien essentielle pourtant !) ça se complique sérieusement.

Enfin à force d’explication, et avec beaucoup de conviction, on arrive à faire bouger les choses.

Posté par BENITO PELEGRIN, le 12 mai, 2011 à 23:23

Au moment où la baisse drastique des subventions menace la création culturelle de ce pays, où le président, qui bafoue la langue française et dénigre l’un de ses fleurons, La Princesse de Clèves, où son digne (et indigne) ministre ose critiquer un Opéra de Marseille qui fait notre gloire et notre bonheur, cette honteuse élévation de la bassesse et barbarie de la corrida, espagnole (mais 70% des Espagnols sont contre et 75% des Français aussi), on voit bien la hiérarchie “culturelle” de son gouvernement. La corrida, c’est l’héritage de Franco qui l’avait rétablie après son interdiction par la République espagnole. Rejetons cette insulte faite au vrai patrimoine culturel de la France, ”Mère des lettres et des arts”. La torture ne sera jamais culture et la mort, jamais un art : l’art, c’est la vie.

Posté par Monique Dunyach, le 13 mai, 2011 à 01:03

Bonjour !
Vous demandez : »qu’y-a-t-il de choquant dans la corrida ?  » Mais tout, monsieur, TOUT ! La violence, la torture et la mort données en spectacle, des hommes mis en danger, des enfants confrontés à la barbarie, une pratique horrible que l’on veut dissimuler sous les flons-flons et les paillettes, un déni de la souffrance des chevaux et des taureaux, un relent de l’Espagne dans ce qu’elle a de plus obscur inacceptable aujourd’hui.
Je veux, avec les citoyens de mon pays révulsés par ces horreurs, tout faire afin que la corrida soit abolie.
Comme en Catalogne du sud, le plus vite possible. Je n’ai pas le temps d’attendre qu’elle « s’éteigne » . A nos dirigeants de couper les subventions prises sur nos impôts et de fermer les arènes devenues inutiles.

Posté par olivier_anthore, le 13 mai, 2011 à 17:15

@Bénito Pellegrin : je serai assez prudent sur le lien entre corrida et dictature pour ma part. Ne pas oublier que Frederico Garcia Lorca, peu suspect de sympathie franquiste, écrivit des poèmes à la gloire des toréadors et de la corrida. La lecture d’Hemingway et des souvenirs d’Espagne de Malraux montrent que du coté républicains la corrida était loin de déclencher une aversion massive lors de la guerre civile.

@Monique Dunyach : je comprends votre point de vue et j’avoue qu’il est tentant. Mais, autant que l’injustice, je crains l’absolue justice. Interdire la corrida d’accord mais que faire de ceux qui en vivent ? Je sais que ma vision est peu enthousiasmante mais elle a l’énorme avantage de permettre l’adaptation en douceur d’une économie existante. Aussi détestable soit elle par ailleurs.

Posté par Okan Germiyan, le 21 mai, 2011 à 11:22

Bonne position sur ce sujet, mais nos amis du Sud-Ouest sont cependant plus nuancés ou plus enclins à défendre la tauromachie.

Posté par olivier_anthore, le 21 mai, 2011 à 12:42

Je les comprends mais c’est essentiellement du à une vision figée de leur identité.

La corrida n’a pas toujours existé et elle finira par disparaitre ce dont personnellement je me réjouis.

A ce titre, l’inscription au patrimoine montre une vision fixiste de l’identité inaugurée par l’inscription de la gastronomie ce qui en montre les limites.

Posté par Andalousie, le 27 juin, 2011 à 11:23

J’aime la corrida et c’est avec regret que je vois disparaitre ce bel art, ce combat d’un homme face à la mort, cette réponse noble de la danse et du jeu du torero fac eà l’animal…Je m’arrête là. De toute façon, la corrida n’est plus ce qu’elle était….Je conçois bien cette disparition de la corrida, pour répondre à une demande d’une majorité de la population si tel est le cas. Il est cependant étonnant de voir de nos jours de telles causes si bien défendues, et d’autres tout de même plus humaines, celle des handicapés nettement moins.
http://www.desbatonsdanslesroues.org/

Posté par olivier_anthore, le 27 juin, 2011 à 17:49

Je me permettrais de remarquer que statistiquement c’est plus un face à face entre le Taureau et la mort et la dimension de jeu est un peu surfaite.

Pour ce qui est de l’opposition d’avec les droits élémentaire des handicapés, je me permettrais de vous renvoyer au chapitre entier que j’y ai consacré dans mon programme pour les cantonales. ( http://oanthore.lesdemocrates.fr/2011/03/10/ne-laisser-personne-sur-le-bord-du-chemin/ )

Posté par Andalousie, le 28 juin, 2011 à 00:17

Questions statistiques, je suis un peu sec car je ne connais pas le nombre de taureaux qui vivent et meurent chaque année, à vrai dire, peu me chaut. Mais bon passons. Quand aux handicapés, ils sont invités à aller aux corridas à bon prix à condition qu’ils s’installent tous ensemble dans un même coin (sans pouvoir être à coté de leur conjoint ou de leur fils) comme les taureaux dans les torrils. La proposition de loi Paul Blanc ne fait que renforcer cet isolement des handicapés dans une société qui tend à traiter les individus suivant des catégories et non comme des personnes. La démocratie disait EMOunier est une question de droit et non de nombre. J’ose espérer que vous serez aussi sensible à ce que la proposition de loi Paul Blanc nie : l’égalité de droits de la personne humaine handicapée. (voir pétition de l’APF)