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L’anniversaire que je n’ai pas envie de fêter

En ce dimanche 5 mai 2013, nous fêtons à notre manière la fin du premier septennat de Nicolas Sarkozy. Voilà une phrase qui aurait sonné étrangement en 2011, exactement un an avant la réélection triomphale d’un président que tous donnaient pour mort politiquement.

Comment en est on arrivé là ? Sans doute par une mécanique, incongrue dans une démocratie, d’une déconnexion sans précédent entre le « pays réel » et ses « élites ». Quelques voix se sont élevées pour avertir de cette déconnexion mais, trop souvent prises pour des discours partisans, elles furent ignorées. Exit donc messieurs Todd et Maffesoli, vaines Cassandres d’une catastrophe évitable.

Comment peut on partir d’aussi bas et en moins d’un an rétablir la situation au point de remporter l’élection présidentielle au premier tour ? Au premier tour ! Score que même de Gaulle n’avait pu obtenir !

La résistible offensive se déroula en deux temps. Dans un premier temps, laissant le centre et la gauche s’entre-déchirer et se morceler, il fut question de réduire l’extrême droite à la portion congrue.

Nicolas Sarkozy, fin stratège, ne se contenta pas de donner des gages au Front national. En effet, essayer de suivre le Front dans la surenchère idéologique lui aurait aliéné définitivement l’électorat modéré sans le rendre crédible auprès des extrémistes. Non, il fallait juste entrouvrir des portes. Quelques petites phrases ambiguës, rien de plus. A partir de là, la véritable offensive pouvait avoir lieu. Car il ne s’agissait pas d’éliminer le Front de la vie politique française, loin de là.

Bénéficiant d’une cure de jouvence avec sa nouvelle présidente, il était nécessaire de créer un pont entre le Front Nouveaux et l’UMP. Une fois la connivence créée, l’offensive consista à négocier ni plus ni moins qu’un ralliement du FN, étranglé financièrement, à la plate-forme commune des droites populaires. C’est sur cette base que le gouvernement actuel compte pas moins d’un ministre de l’agriculture et de deux secrétaires d’états à la famille et aux sports.

Une fois acquis la tranquillité à droite, le centre morcelé ne fut pas un vrai problème. Beaucoup de partis étaient incapable de soutenir la moindre campagne par eux même par manque de financement et, il faut bien l’admettre, de courage. Quelques postes promis amuïrent sans peine les rodomontades des centristes « de droites ». Bien entendu, il y eu les purs et durs, ceux qu’on achète pas, Bayrou en tête. Ce que vous ne pouvez toucher, tournez le en dérision. La maxime s’appliqua à plein, aidée en cela par une vision médiatique du journalisme « d’entertainement ». L’isolement fit le reste.

La gauche paraissait la mieux armée pour résister mais paradoxalement elle s’effondra toute seule. Toujours prisonnière de son non choix entre la social-démocratie et un passé marxisant, elle continua à se déchirer sur des notions d’un autre temps. Le discours du PS toujours emprunt d’un ouvriérisme des années 70, apparaissait en totale déconnexion de sa pratique du pouvoir et surtout de la personnalité de son candidat.

Le PS pourtant le mieux armé pour prendre le pouvoir dut faire face à une révolte de ses plus grosses fédérations. Officiellement, les fédérations désiraient une candidature plus marquée à gauche avec des mesures symboliques fortes. Il apparu vite que la crainte des barons locaux étaient toute autre. Les affaires Frêche et Guérini avaient inquiété les patrons de fédérations sur la reprise en main par Solferino du parti. Ils profitèrent de cette élection pour faire comprendre que, sans eux, rien n’était possible. L’accord sur la révision des statuts, la transformation du PS en Fédération Décentralisée Socialiste, intervint trop tard pour remettre en selle la candidature socialiste. La situation de l’ex-PS fut paradoxalement jugée « globalement positive » par un de ses caciques, qui souhaita garder l’anonymat : « Je dis globalement positive car avec la majorité au sénat, le contrôle de la majeur partie des exécutifs locaux et le seul groupe d’opposition de l’assemblée, nous sommes la voix de l’opposition en France »

Le coup de grâce fut donné bien involontairement par la candidature d’EE-LV. Le candidat écologiste se trouva à déborder systématiquement le candidat socialiste sur sa gauche. C’était en effet nécessaire pour ancrer l’écologie à gauche et garantir des postes aux membres de la direction nationale des verts et des places de députés. L’effet, amplifié par la révolte des fédérations socialistes, fut dévastateur et démobilisa complètement le fameux « peuple de gauche ».

Désespérés que la politique puisse un jour répondre vraiment à leurs problèmes, peu de français allèrent voter. Les fameux indécis se décidèrent au dernier moment et sur un critère d’une simplicité désarmante : « nous avons voté pour quelqu’un qui parle comme nous et parle de nos problèmes ». Rajoutez à cela la crédibilité dans l’exercice du pouvoir et la messe était dite.

Victoire au premier tour donc avec le programme le plus à droite depuis le début de la cinquième république mais aussi le plus haut score d’abstention jamais constaté à une élection depuis 1956.

Le déroulé depuis un an de ce programme étend chaque jour la désespérance de ceux qui ont cru en l’Europe et dans le destin particulier de la France. Mise à la découpe des institutions européennes sous prétexte de les réformer, finalisation du démantèlement de l’état jusque dans ses fonctions régaliennes, mise en place d’une recentralisation de tous les pouvoirs au profit du seul exécutif, la liste serait trop longue.

Le PS fait toujours barrage aux réformes constitutionnelles, dont la limite à deux mandats successifs pour le poste de président, mais pour combien de temps encore ? La pression est forte et les médias déchaînés contre ceux qui apparaissent de plus en plus comme des privilégiés agrippés à leurs acquis.

Les dérives budgétaires ayant entraînés un dérapage sans précédent de la dette, dérapage accentué par l’envolée des taux d’intérêt, fit apparaître la sortie de l’euro et l’abandon entier de la protection sociale comme les seuls remèdes possibles.

Les français encaissèrent avec cinq ans de retard le même choc que les grecs. L’humiliation du décrochage d’avec l’Allemagne en plus.

Bien entendu nous sommes toujours en démocratie, et le combat politique ne blesse toujours que l’amour propre mais le changement d’ambiance est sensible. Face à une situation de plus en plus désastreuse, la proposition d’alternative apparaît de plus en plus souvent comme la cause du problème que sa solution. La politique meure doucement, à petit feu, dans le silence et l’uniformité.

 

N.D.A. : toutes ressemblances avec une situation possible ne serait pas si fortuite. Il y a loin d’ici mai 2012 et nous avons beaucoup à faire pour convaincre les Français qu’il n’y a pas de fatalité.

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olivier_anthore
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