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Des républicains sans République et la tentation de Narcisse

La IIIe République a été, dès sa naissance, qualifiée de « République sans républicains » ; la Ve ne manque pas de républicains, mais s’agit-il d’une république ou d’une monarchie qui n’avoue pas son nom ?

On se souvient qu’à cette question “modérée” en 2008, Nicolas Sarkozy, Nicolas Sarkozy avait apporté une réponse pour le moins confuse :
Conférence de presse de Nicolas Sarkozy, le 8… par Nouvelobs

La IIIe République a été, dès sa naissance, qualifiée de « République sans républicains » (en 1871, 400 députés sur 630 étaient monarchistes) ; la Ve ne manque pas de républicains (l’élection du Président au suffrage universel, adoptée en 1962, ayant – dans un Etat laïc – remplacé l’onction).

Remontons le temps. Dans la conférence de presse du 31 janvier 1964, voici comment le général de Gaulle définissait le pouvoir du chef de l’Etat : « Il doit être évidemment entendu que l’autorité du chef de l’Etat est confiée toute entière au président par le peuple, qu’il n’en existe aucune autre, ni ministérielle, ni civile, ni militaire, ni judiciaire, qui ne soit conférée et maintenue par lui . » (1) . Bel exemple de séparation des pouvoirs bafouée !

Plus tard, après le 27 avril 1969, ayant quitté le pouvoir, il confiait à ses proches : « Le regret de ma vie c’est de ne pas avoir fait de monarchie, qu’il n’y ait pas eu de membre de la Maison de France pour cela . En réalité, j’ai été un monarque pendant 10 ans, il n’y que moi à avoir une politique française . » (2) .

Ainsi il apparaît que la dérive monarchique n’est pas un phénomène récent : elle est inhérente à la Ve République . Pourtant, même si elle a été pendant un temps l’ objet de vives critiques d’une partie de la classe politique – d’aucuns n’ ont pas craint d’évoquer une « forfaiture » (3), voire un « coup d’Etat permanent » (4) – elle semblait jusqu’à une date récente admise, parfois même par ceux qui l’avait critiquée avec le plus de virulence .

Mais il est évident qu’elle a été amplifiée par la « présidentialisation » du régime avec l’adoption du quinquennat et le choix de procéder aux législatives après les élections présidentielle, puis par la pratique “sarkozyenne”, Celle-ci a en effet rapidement suscitée de fortes inquiétudes, dont se sont fait l’écho, en 2008, les signataires de l’appel du 14 février de Marianne dont le texte est toujours d’actualité.

Pourquoi ces vives réactions ? Essentiellement à cause de la manière d’exercer le pouvoir . Là où le général de Gaulle adoptait une position arbitrale et se posait en défenseur des intérêts de « la France », N. Sarkozy apparaît trop souvent comme l’homme d’un clan : en faisant adopter le « paquet fiscal », en favorisant les chaînes privées au détriment de la télévision publique, en recevant les parlementaires UMP à l’ Elysée, en soutenant la candidature du « Prince Jean » à la présidence de l’Epad, en choisissant une procédure arbitrale, très coûteuse pour l’ Etat, dans l’affaire Tapie… Là où le général de Gaulle maintenait une certaine distance vis-à-vis de « l’intendance » – plus préoccupé par le destin de la France que par le quotidien des Français – et se cantonnait, la plupart du temps, dans « le domaine réservé » (affaires étrangères, défense), laissant au gouvernement le soin de gérer les affaires courantes, N. Sarkozy s’acharne à jouer les hommes-orchestres gouvernementaux, éclipsant le 1er Ministre, et nous renvoyant sans cesse son image .

Ce travers est sans doute encouragé par le quinquennat . Le Président, quel qu’il soit, a du mal à prendre du recul, à « laisser du temps au temps », à inscrire son action dans la durée et à mettre en place une vision pour le pays . Enfin, le général de Gaulle et ses quatre premiers successeurs avaient respecté leur rôle de gardiens des institutions, or ce rôle a été mis à mal par N. Sarkozy entre autres lors du Discours de Grenoble, puisqu’il remet en cause le principe constitutionnel de l’égalité des citoyens quelques soient leurs origines .

En conclusion, on retiendra que si entre le général de Gaulle et la France, la République avait parfois du mal à se faire une place, entre N. Sarkozy et son reflet, il n’y a de place ni pour la France, ni pour la République .

C.M.S.

1. E . Roussel, De Gaulle, Paris, Gallimard, coll.Folio biographie, 2008, p 239 .
2. E. Roussel, op cit., p 295 .
3. Gaston Monnerville, Président du Sénat, en 1962 .
4. François Mitterrand, en 1964 .

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