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Les banques, le revenu universel et la réindustrialisation

Selon l’opinion commune, il y a désormais une partie de l’espèce humaine qui mérite des baffes du matin au soir et du soir au matin, ce sont les banquiers. Ils l’ont bien cherché, car on n’a jamais assez d’argent pour les sauver, alors qu’on en manque lorsqu’il s’agit d’empêcher les humbles de tomber dans la précarité. Cela étant, il faut relativiser, puisque les banques françaises n’ont finalement pas été sauvées aux frais du contribuable, qu’on les a seulement garanties, et qu’elles ont remboursé les garanties.

Un tel système de garantie ne pourrait-il pas être mis en place pour les habitants modestes de notre pays ? Quelque chose comme une procédure de surendettement un peu plus musclée encore ?

J’ai été très frappé que, aux États-Unis, le président Obama a prié poliment mais fermement les actionnaires et les créanciers de General Motors de s’asseoir sur leurs créances et sur leurs actions, et que c’est ainsi, en effaçant la part des banques, qu’il a sauvé l’entreprise. Pourquoi une telle procédure n’a-t-elle pas pu être mise en place pour les millions d’Américains qui ont subi la saisie et la misère ? Mystère, ou plutôt injustice.

Cette solution me paraîtrait, en France comme aux États-Unis, plus réaliste que le Revenu Universel soutenu aujourd’hui par M. de Villepin. Certes, cette idée (qui doit bien avoir un fond catho) figurait dans le programme de feu le CDS à l’époque de Jacques Barrot et de Pierre Méhaignerie, mais on y a finalement renoncé pour la simple raison qu’elle est immensément onéreuse : 850 Euros par mois font 10000 Euros par an, multipliés par environ 40 millions d’adultes, cela fait 400 milliards d’Euros par an, soit plus de 15% du PIB. C’est soviétique. J’ai l’impression que cela amènerait autour de 30 ou 40 % du PIB marchand. Il serait plus simple d’abolir la monnaie. On sent qu’il y a là une arnaque politique et une ignorance faramineuse des mécanismes de la monnaie. Rendez-nous Raymond Barre.

De surcroît, 850 Euros ne sont pas suffisants pour permettre vraiment aux gens de vivre dignement, donc l’objectif qui est de prétendre que les gens auront le choix de travailler ou non est faux.

Enfin, il y a une éthique qui me plaît par exemple dans le commerce équitable, qui consiste à permettre aux gens de vivre dignement de leur travail. Vivre dignement de leur travail. Ce débat éthique ne me paraît pas superflu. Évidemment, si Internet permettait de construire une Société du don, ce serait différent, mais on se place là dans un débat encore autre.

Enfin, si l’on intégrait les dépenses de santé couvertes par la Sécu, on s’apercevrait que, dès à présent, ce seuil de 850 Euros est déjà atteint pour tout le monde, sauf pour certains allocataires du rsa, les étudiants et pour des gens en bonne santé qui n’ont pas d’enfants. Cela signifie qu’on propose de supprimer la Sécu obligatoire pour les travailleurs et de donner le choix aux gens de se soigner ou non, puisque le produit des prélèvements ne serait plus versé sous forme de remboursement de soins, mais sous forme d’argent. Libre à ceux qui le font, mais les États-Unis pratiquent ce second système depuis toujours et il a fait chez eux des dégâts humains considérables.

De toutes façons, il y a moyen de faire autrement. Thierry Crouzet, par exemple, avant de se déconnecter, a proposé un « dividende universel » qui rejoint par certains côtés l’analyse du Revenu Universel, notamment en ce qu’il pointe le fait que les banques sont les seules créatrices de monnaie et que le flux monétaire qui en résulte ne bénéficie que d’une façon marginale aux particuliers.

On peut discuter de l’effet indirect du financement de l’économie par les banques, mais il est indéniable que depuis la financiarisation à outrance de l’économie, les banques sont devenues prédatrices de l’économie réelle, ce qui nuit à celle-ci comme le démontre très bien, par exemple, le récent film The Company Men. Pour elles, le financement de l’économie n’est plus qu’une activité marginale, tandis que la spéculation est l’activité principale.

Pour ramener la production de monnaie vers la production tout court, Crouzet propose en substance de déverrouiller ce qu’on appelle les « actes de banque », c’est-à-dire de permettre à vous et moi d’en faire et de créer de la monnaie pour financer des microactivités. En complément, certains monopoles, comme celui de la production d’énergie, seraient abolis. Vous et moi pourrions augmenter notre revenu en produisant de l’énergie et en se finançant non pas auprès des banques captieuses et sourcilleuses, mais auprès de ceux qui le voudraient bien. Je trouve cette seconde option plus séduisante que le soviétique Revenu Universel qui ressemble aux grosses machines empesées du XXe siècle.

Enfin, en finançant des activités de petite taille, ce modèle contribuerait d’une façon vertueuse à la réindustrialisation de la France.

Cela étant, que la Société se fixe comme objectif que nul adulte ne touche, sous une forme ou sous une autre, moins de 850 Euros par mois me paraît sain et réaliste. Il faut seulement éviter d’agiter des miroirs aux alouettes devant les pauvres qui sont aussi les plus vulnérables aux grandes illusions politiques. La désillusion est cruelle, alors que de vraies réalisations sont possibles.

 

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