Une liste transnationale aux Européennes ne changera pas la face de l’abstention

Une liste transnationale, qu’est-ce que cela veut dire ?

Dans Europe Midi, il nous est expliqué que : « La commission des affaires constitutionnelles du Parlement européen s’est prononcée très favorablement sur le rapport d’Andrew Duff (ADLE) qui prévoit une profonde réforme des règles pour les élections des députés européens à partir de 2014. Parmi les modifications proposées, la plus importante est la création d’une circonscription paneuropéenne pour laquelle 25 députés supplémentaires seraient élus, sur des listes établies à l’échelle européenne. Soutenue par les quatre principaux groupes politiques au Parlement (PPE, S&D, ADLE, Verts/ALE), cette initiative a pour objectif d’augmenter la participation des citoyens européens aux élections, tout en renforçant le rôle des partis politiques européens et la légitimité démocratique du Parlement.

Concrètement, chaque citoyen disposerait de deux bulletins de vote, l’un pour les listes nationales, et l’autre pour des listes transnationales, établies par les partis politiques européens. Les 25 députés élus sur ces listes européennes s’ajouteraient aux 751 élus sur les listes nationales. Le rapport Duff prévoit également d’avancer la date des élections afin de laisser plus de temps aux eurodéputés pour se préparer à l’élection du Président de la Commission. Le rapport fera l’objet d’un vote en session plénière en juin, et pourrait impliquer la convocation d’une conférence intergouvernementale pour ratifier les changements nécessaires dans les traités. »

L’avantage serait donc de faire voter ensemble tous les eurocitoyens sur la même chose et donc d’éviter que les élections européennes soient simplement la compilation de 27 votes nationaux. Autre avantage important : cela forcerait les partis politiques européens à ce projeter totalement dans cette élection. Surtout que produire une liste veut dire que les partis nationaux arrivent à se mettre d’accord entre eux sur une liste de personnalités avec une forte dimension européenne.

Pourquoi le combat n’est pas là… mais c’est tout de même un beau symbole

Pour intéresser les électeurs, il faut deux ingrédients principaux : un débat qui amène l’électeur à penser qu’il y aura une conséquence à son vote et une personnification de ces débats. Sur les Européennes de 2009, quelque soit le vote des électeurs, ils auraient eu Barroso à la tête de la Commission européenne. Difficile dans ces conditions de laisser penser qu’ils allaient changer quoique ce soit en votant.

Si les électeurs ont l’impression qu’ils vont influer sur le gouvernement de l’Union européenne (aka la Commission), les élections pour définir les parlementaires européens vont prendre une nouvelle envergure. Et pour ce faire, avec le traité de Lisbonne, pas besoin de nouvelle réforme constitutionnelle. « Il suffit juste » que les partis politiques européens se mettent en branle pour proposer chacun (ou au sein d’une coalition) un candidat à la présidence de la Commission. Cela forcerait les dirigeants nationaux au sein du Conseil européen à se plier au résultat des élections européennes.

Or, nous tombons là dans l’histoire de la poule et de l’oeuf : il faut qu’il y ait des partis politiques réellement européens pour qu’il y ait de vrais élections européennes, mais pour ce faire, il faut que ces partis aient un intérêt à devenir réellement européen, au-delà des simples regroupements de partis nationaux qu’ils sont aujourd’hui. C’est là où la question des listes transnationales pourrait avoir son rôle à jouer.

Cela serait un beau symbole que de voter pour des élus totalement européens et non pas rattachés à une circonscription (nationale ou régionale). Mais cela serait un beau symbole pour ceux qui iront voter. Or l’important aujourd’hui est aussi de ramener à l’urne ceux qui pour le moment s’en désintéressent…